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A l’UDC, cherchez la femme!

Le canton de Fribourg enregistre un record de candidatures féminines pour le Conseil national


 Magalie Goumaz

Magalie Goumaz

30 septembre 2019 à 00:35

Egalité » Sept hommes en bras de chemise, le ventre en avant, le sourire jusqu’aux oreilles. Assurément, la vague violette n’a pas atteint l’UDC fribourgeoise, dont les affiches électorales ont la particularité de ne présenter aucune femme. L’image est d’autant plus frappante que les principales formations politiques ont veillé à constituer des listes équilibrées et en font un atout. Il n’y a même jamais eu autant de femmes candidates au Conseil national. Elles sont 61 sur 154, soit 40%. Un record en nombre et en pourcentage.

Rendez-vous en 2021

Si l’UDC ne présente aucune femme, ce n’est cependant pas faute d’avoir cherché. Elle n’en a juste pas trouvé dans ses rangs. Députée au Grand Conseil fribourgeois, la Lacoise Katharina Thalmann-Bolz, s’est déjà présentée deux fois aux élections fédérales. Ancienne présidente et ancienne coordinatrice romande du parti, Gilberte Schär n’a pas été réélue au parlement cantonal. L’UDC a frappé à la porte de Mirjam Biçer, présidente de la section lacoise. En vain. L’ancienne conseillère communale de Courtepin explique qu’elle a encore trois enfants en âge de scolarité et qu’elle vient de s’engager dans une nouvelle activité professionnelle.

En course pour le Conseil des Etats, Pierre-André Page aurait volontiers cédé sa place à Nathalie Falcone, secrétaire générale du Département fédéral de l’économie. Sa candidature aurait pu servir de ballon d’essai en vue des élections cantonales de 2021. Mais la proche du ministre Guy Parmelin a aussi décliné l’offre.

«Des femmes de qualité ont été approchées. Mais pour des raisons privées ou professionnelles, elles ont toutes renoncé. Nous ne voulions pas présenter de candidatures alibis car une campagne exige un fort engagement», explique Christophe Blaumann, vice-président de l’UDC fribourgeoise, qui assure avoir déjà repéré des candidates potentielles pour les prochaines échéances.

Mais le parti, qui avance que dans le canton près du tiers de ses membres sont des femmes, paierait-il aussi son manque d’engagement pour les profiler et ses positions conservatrices sur les questions égalitaires et de société? A Fribourg, le comité directeur compte actuellement 18 membres dont 4 femmes, mais trois hommes se partagent la présidence. Cinq femmes UDC seulement ont siégé au Grand Conseil depuis 1971, dont Katharina Thalmann-Bolz, unique députée en fonction sur 21 élus.

«C’est un peu gros»

Candidate sur la liste jeune de l’UDC et présidente de la section, Mélissa Gerber fait partie de celles qui s’impliquent. «L’UDC a peut-être fait ce qu’elle pouvait pour trouver des femmes et je comprends son souci de présenter des candidats crédibles. Mais dire qu’elle n’a trouvé aucune femme cette année, c’est tout de même un peu gros», lâche celle qui défend l’aile agrarienne et avoue des divergences sur certains thèmes, comme l’écologie ou les questions de société.

Mirjam Biçer constate qu’à l’UDC, il faut avoir les épaules solides pour défendre les causes chères au parti, soit la migration, la sécurité ou encore l’indépendance de la Suisse vis-à-vis de l’Europe. «C’est plus facile de plaider pour l’intégration des migrants que de décortiquer les effets néfastes de l’accord-cadre avec l’Union européenne. Nos dossiers sont beaucoup plus exigeants. Pour être crédible, il faut se tenir au courant de l’actualité, s’investir. Celles qui travaillent et ont une famille n’ont pas forcément cette disponibilité», résume-t-elle. Pour elle, l’UDC mène une politique qui n’est «pas confortable». Et elle s’expose. «A chaque élection, nos affiches sont sprayées. Si vous avez des enfants, ce n’est pas facile d’imaginer qu’ils puissent voir votre visage hachuré. Nous avons peut-être la peau dure, mais pour notre famille, c’est blessant.»

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