Il est temps de passer la deuxième

National League » «C’est un manque de respect des joueurs. Envers le staff, envers les gens qui se sont déplacés pour nous soutenir, mais d’abord envers eux-mêmes!» L’entraîneur Christian Dubé n’avait pas la tête des bons jours, samedi dans les couloirs étroits de la patinoire de l’Ilfis, juste après la défaite de Fribourg-Gottéron contre Langnau (4-3). Un score serré qui ne traduit pas le scénario d’un match raté par les Dragons.

Après moins de dix minutes de jeu, le tableau d’affichage indiquait en effet déjà 3-0 pour les Emmentalois. Le retour à 3-3 en fin de match ne saurait effacer la piètre prestation des visiteurs. Envoyés aux interviews d’après-midi, Killian Mottet et Sandro Schmid se sont retrouvés bien empruntés pour expliquer le non-match des leurs. «Je ne sais pas ce qui s’est passé. Il faudra analyser tout ça. Mais si on ne joue pas durant 60 minutes, c’est compliqué», souffle le premier. «On a attendu le 3e tiers pour commencer à jouer au hockey. Je ne sais pas ce qui s’est passé, lui fait écho le second. En début de match, nous n’avons pas été vraiment dominés, mais ils ont tiré trois fois et marqué trois buts. On était peut-être un peu choqués par ce scénario…»

Si les joueurs peinent à mettre des mots sur les raisons de cette entame de match cauchemardesque, le coach Christian Dubé ne trouve guère plus d’explications. «Il faut que certains joueurs se bottent le cul. Si nous ne sommes pas capables d’imposer notre tempo, que nous concédons six ou sept pénalités, nous ne méritons pas de gagner», enrage le Canadien.

Dubé: «Il y a de la satisfaction»

En dépit de ce début pour le moins chaotique, Gottéron a bien failli gagner, ou au moins rentrer de l’Emmental avec un ou deux points dans les mains. Toujours amorphes dans le deuxième tiers (6 tirs seulement en direction du but bernois), les visiteurs n’ont eu besoin que de 7 minutes dans la dernière période pour recoller au score. Preuve qu’il y avait bien mieux à faire samedi à l’Ilfis. Christoph Bertschy a sonné la révolte à la 48e minute, puis Julien Sprunger et David Desharnais ont profité de pénalités adverses pour marquer en supériorité numérique – ce qui n’était plus arrivé à Gottéron depuis quatre matches – et revenir, grâce à deux buts en 79 secondes, à hauteur de Langnau (3-3).

Le fameux «momentum» était alors clairement fribourgeois, et Gottéron pouvait aborder les cinq dernières minutes avec confiance. Mais Sandro Schmid, puis Janne Kuokkanen ont écopé de deux pénalités mineures – «inacceptables», tonne Dubé – qui ont relancé des Tigres sonnés, mais jamais résignés. Bien au contraire. Nolan Diem a finalement porté l’estocade, avec un homme de plus sur la glace, à 1’41 de la fin du match. Un succès mérité pour des Emmentalois bien plus déterminés que leurs hôtes, qui n’ont bloqué que 7 tirs contre 22 à Langnau sur l’ensemble du match. Une statistique qui en dit long sur l’«investissement» des Fribourgeois samedi à l’Ilfis. «Il y a de la satisfaction. Ce n’est pas propre à Gottéron. C’est ainsi dans tout le hockey suisse», déplore Christian Dubé, avant de comparer la situation helvétique avec celle d’Amérique du Nord. «En NHL, il y a 50 joueurs qui attendent derrière toi pour te prendre ta place, tu es obligé de performer. Ici, même si tu n’es pas bon quelque part, tu sais qu’un autre club t’offrira un contrat», soupire-t-il.

Un manque de tranchant

Huitième du classement, mais quatrième au nombre de points par match, Gottéron reste bien placé. Cependant, tout s’est resserré ce week-end. Manquant de tranchant, pas toujours très investis, parfois minimalistes, les Dragons se doivent maintenant de passer la deuxième vitesse. Celle qui leur permettra de suivre le rythme des meilleurs et de continuer de regarder devant eux. En sont-ils capables? Sans doute. Faut-il encore le prouver. Dès mercredi à Bienne?