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Avec Ineos, la «chimie» ne prend pas

Au plus bas, Lausanne enchaîne les déceptions depuis la prise de pouvoir de l’entreprise britannique


 Pierre Schouwey

Pierre Schouwey

3 mars 2022 à 20:14

Temps de lecture : 1 min

Football » Les espoirs étaient à la hauteur de la fortune d’Ineos. Fin 2017, quand le géant de la pétrochimie rachète officiellement le Lausanne-Sport, ses nouveaux dirigeants jugent «possible» une participation à la Coupe d’Europe «dans les trois à quatre ans». Avec un nouveau propriétaire sérieux dont le chiffre d’affaires annuel se monte à plusieurs dizaines de milliards de francs et l’assurance de déménager à court terme dans un stade moderne, les perspectives de l’équipe alors classée au cinquième rang de Super League s’annoncent radieuses. Les fans du LS ne tarderont pas à déchanter. Après un printemps catastrophique marqué par la polémique du logo du club, qu’Ineos s’était permis de revisiter avec ses propres couleurs avant de rétropédaler devant le tollé, la relégation est actée le 13 mai 2018 à la 73e minute d’un match arrêté en raison de débordements en tribunes.

Quatre ans sont passés, Lausanne s’est reconstruit pour remonter dans l’élite après deux saisons de purgatoire, mais la «chimie» ne prend toujours pas entre l’entreprise britannique basée à Rolle et le septuple champion de Suisse. Dimanche, nouveau craquage (de fumigènes et de feux d’artifice) des ultras vaudois. Mercredi, défaite à Sion. La septième en autant de matches officiels depuis la reprise. A la rue dans le jeu et bon dernier à 6 points du barragiste Lucerne, le LS retourne tout droit en Challenge League.

Politique dure à lire

Des nombreuses raisons pouvant expliquer cet échec sportif grandissant et le désamour populaire (les deux vont de pair), le vice-président Vincent Steinmann en retient une: «Notre contingent a certainement connu trop changements. Certains étaient voulus, d’autres pas. Ces arrivées et ces départs ont créé de l’instabilité au sein du groupe. Soyons clairs, la sauce n’a pas pris.» Ce constat réaliste n’empêche pas le bras droit de Bob Ratcliffe de croire en une résurrection: «Il ne sert à rien de s’apitoyer sur notre sort. Nous avons encore 12 rencontres pour nous tirer de là.»

«Soyons clairs, la sauce n’a pas pris»
Vincent Steinmann

Au LS et à son très contesté directeur sportif français Souleymane Cissé, il est notamment reproché un manque d’ancrage régional. Alors que les successeurs d’Andi Zeqiri, Dan Ndoye ou Cameron Puertas se font attendre, la faute aussi à un Team Vaud dont la gestion ne fait plus l’unanimité dans le canton, la cellule de recrutement a essentiellement misé sur de jeunes joueurs étrangers. Certains sont issus du Racing Club Abidjan: la troisième branche de la «galaxie Ineos» centralisée à Nice depuis le rachat de l’OGC en 2019. Cette stratégie globale pour la partie foot du portefeuille d’Ineos réussit moins à la lanterne rouge helvétique qu’au troisième de Ligue 1.

Une politique difficile à décrypter - Lausanne est-il un simple club satellite ou tout autre chose? - à laquelle s’est confronté Christian Schneuwly. Artisan de la promotion à l’été 2020, l’ancien milieu de terrain fribourgeois avait été poussé vers la sortie quelques mois plus tard. «Souleymane Cissé, avec qui j’ai toujours entretenu une bonne relation, m’avait annoncé qu’il ne comptait plus sur moi, rembobine le Singinois de 34 ans. Rajeunir l’effectif, c’est bien. Mais il faut des «vieux» pour montrer le chemin. Sans ce mélange de générations si important et avec le départ de l’entraîneur Giorgio Contini, la dynamique a été cassée.» Et d’ajouter: «Il y a les deux côtés de la médaille. D’une part Ineos investit beaucoup d’argent pour la ville, le canton et la relève. Mais de l’autre, la partie business reste importante.»

Pas renforcé par Nice comme il l’avait été la saison de son retour en Super League (6e rang final), Lausanne a affiché ses faiblesses et ses limites dès le mois de juillet.

Changement de système

Obligés d’agir dans l’urgence, les décideurs de la Tuilière se sont attaché les services de routiniers hors de forme. Des panic buy, dans le jargon. «Pour les inclure, l’équipe a changé de système. Mais le mal était déjà fait, estime Christian Schneuwly. Aligner autant de joueurs étrangers n’est pas sans risque. Ils ne connaissent pas les spécificités du championnat de Suisse.»

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