Chronique. mais que fait la police d’écriture?
Cambria, Times New Roman ou Helvetica; dites à notre chroniqueuse Angélique Eggenschwiler quelle police d'écriture vous utilisez, elle vous dira qui vous êtes
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17 octobre 2023 à 23:10
Le mot de la fin » Cela doit bien faire quinze ans que j’écris en Cambria, taille 12, interligne 1,15. Pire, je pense en Cambria, taille 12, interligne 1,15. Une information dont, je me doute, tout le monde se fout; et vous avez tort. Tort de négliger ce détail qui dit beaucoup de vous.
Plus qu’une typographie, la police de caractères est une voix, la vôtre, la seule. Impossible d’en changer, enchaînés à vie à un banal Times New Roman dans lequel vous avez craché des centaines de dissertations, incapables de prendre un ton italique ou de mettre vos idées en gras lorsque vous rédigez une lettre d’insultes ou de menaces (ce qui arrive souvent quand vous êtes chez Salt). Bref, intellectuellement menottés à une police qui se passe de gyrophares pour vous reconduire sur le droit chemin. Ecartez-vous-en d’une lettrine et soudain les mots ne vous appartiennent plus. Ils prennent un accent étrange, celui de Luchini ou de Ruquier selon l’empattement de vos lettres ou l’obliquité d’un point d’exclamation.
Michaël Perruchoud, lui…
Choix très personnel donc, la police d’écriture. Il y a ceux qui se cherchent au contour d’une capitale ou se perdent au hasard d’une arabesque. Le patriote qui opte pour Helvetica et le timide qui adoptera un format Extra Light dont les lettres semblent s’excuser à chaque paragraphe. Enfin, il y a votre grand-père qui a activé accidentellement la touche majuscule sur son clavier il y a 12 ans et vous souhaite bon anniversaire en hurlant: «GROS BISOU, ON T’AIME FORT».
Vous serez peut-être étonné d’apprendre que Michaël Perruchoud, poids lourd de cette Der, nous livre en Georgia, graphisme sobre et branché, mélange de simplicité et d’affirmation de soi, une police de bobo quoi. Jean-François Haas ne jure que par Arial mais je le soupçonne de n’avoir jamais cliqué sur le menu déroulant. Parce que bon, c’était quand même mieux avant, quand nous n’avions qu’une seule typo et qu’un seul téléphone au village. Pascal Bertschy est plutôt de l’ancienne école, il descend la nuit à l’imprimerie pour rédiger à la main ses chroniques à même l’encadré. Si votre quotidien a du retard, c’est parce que son taille-crayon était plein.
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