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Chroniques sportives

Chronique. le café, une éternelle déception

Le goût du café est-il si important? Pas forcément, si l'on en croit notre chroniqueur Michaël Perruchoud, qui se penche sur cette «habitude sociale» 

Le café n'est pas une boisson, c'est une habitude sociale.  © Mike Kenneally/Unsplash

Michaël Perruchoud

Michaël Perruchoud

19 septembre 2023 à 19:25

Temps de lecture : 1 min

Le mot de la fin » Au début, c’est l’odeur qui m’attirait, comme si je sentais instinctivement qu’il s’agissait d’une affaire de parfums. Et puis, j’ai plongé les lèvres dans une tasse et j’ai été déçu. J’ai mis trop de sucre et de lait pour que le goût soit acceptable. Il l’était, mais ce n’était plus du café.

Car le café a ses exigences. Il se consomme comme un uppercut, il doit irradier la gorge, faire grésiller le cerveau, remettre les idées flasques du matin en bon ordre de marche. Ou le faire croire. C’est ainsi que j’ai laissé tomber sucre et lait, que j’ai consommé sans regimber d’affreux jus acides et noirâtres, pissés par de grosses machines d’entreprise dans des gobelets en plastique. Je ne me suis pas même révolté au restaurant quand le goût du liquide de nettoyage venait voisiner avec celui du grain. Non, comme beaucoup d’autres, je me suis fait à la déception inhérente à la consommation de café, je l’ai intégrée. Peut-être était-ce dimanche matin quand, sous un édredon tiède, enfin reposé, cet effluve familier vint me bercer les narines. Le bonheur ressenti se doubla d’une implacable constatation: l’odeur du café serait toujours meilleure que le café lui-même.

Pas question d’y renoncer

Pas question pourtant de s’en priver. La consommation va grandissant sans que l’on y puisse grand-chose. Mais, comme les addictions imposent les œillères, plongent peu à peu le consommateur compulsif dans le mensonge et le déni, on se fait croire à ce goût ultime qui saurait répondre à l’extase de l’odorat.

Ainsi, mes amis branchés ne me demandent plus mon avis sur la photo-poster d’un coucher de soleil aux Maldives qui trône au cœur de leur salon, ils ne me font plus visiter leur pourtant fameuse cave à vin, non, ils s’extasient sur leur nouvelle machine à café, dissertent sur la qualité du grain, sur sa provenance, sur la mousse qui flirte avec le bord de la tasse, puis ils répètent en détachant les syllabes que c’est une vraie machine, hein, qui coûte une blinde mais qui vaut la peine, pas une de ces saloperies à capsules. Je bois alors mon café en simulant un peu par politesse. Oui, il est pas mal, dois-je reconnaître, mais pas non plus de quoi se relever la nuit. J’en reprends tout de même un petit sans me faire prier. Parce que le café, ce n’est pas une boisson, c’est une habitude sociale.

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