Marc Aebischer
19 janvier 2024 à 12:20
Dans les hôtels, les salles du petit-déjeuner sont de vrais laboratoires anthropologiques qui renseignent sur les comportements humains en milieu nutritif matinal. Au niveau du savoir-vivre, l’humanité se sépare en plusieurs catégories dont certaines nous font reculer drastiquement dans l’évolution des vertébrés.
Il y a celui qui remplit son assiette comme s’il s’agissait du dernier repas avant l’apocalypse. Ça déborde de partout: les œufs brouillés s’entremêlent à la salade de fruits dans un lit défait de pancakes gorgés de sirop d’érable sur lesquels trône un amas de viennoiseries avec deux saucisses flétries qui rebiquent sur un pan de lard. Une partouze alimentaire pour goinfre en rut! Il engloutit tout avec le nez trempé dans sa tambouille tel un vautour qui s’acharne sur les entrailles d’un zébu.
Il y a l’autre qui tâte sans gêne l’onctuosité de tous les pains avant d’empiler une demi-boulangerie dans un panier. Une tour de Pise panaire qui menace à tout moment de s’écrouler, juste retenue autour par les six toasts qu’il a calés. On ignore si ce farinophile va pouvoir tout enfourner dans sa panse mais il ne craint visiblement ni la constipation ni les hémorroïdes.
Et le maladroit qui renverse son jus d’orange sur le sol sans se soucier de le nettoyer et donc tous les suivants marchent dedans avec une impression sirupeuse d’avoir sous leurs pieds un parquet fraîchement laqué. Ils contrôlent à chaque pas si leurs semelles ont suivi le reste de la chaussure, tout en croisant ceux qui vont mettre des œufs à bouillir mais qui ne viennent jamais les chercher. Pardonnez-leur car ils pèchent par œufs-mission.
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