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Basketball

Harcèlement à Elfic. les témoignages complets

Plusieurs anciennes basketteuses d’Elfic dénoncent le harcèlement psychologique que leur a fait subir Romain Gaspoz. Voici leurs témoignages en intégralité.


François Rossier

François Rossier

18 novembre 2021 à 19:48

Marina Lugt

«Du jour au lendemain, c’est comme si je n’existais plus»

Désormais joueuse de Villars, Marina Lugt, 26 ans, a évolué plusieurs années à Elfic Génération puis à Elfic. Ancienne internationale, elle a quitté le club fribourgeois en 2017.

«Mon avant-dernière année à Elfic a été houleuse, mais la dernière horrible. Je suis arrivée très jeune à Fribourg. Au début, Romain était comme mon deuxième papa. Je faisais mes devoirs avec lui, puis plus tard, j’allais faire du baby-sitting chez lui. Mais du jour au lendemain, c’est comme si je n’existais plus. Il ne m’adressait plus la parole. Pour protéger mes parents, je ne leur en ai jamais parlé. (…) Une fois, après un match, il m’avait «défoncée» pendant deux heures parce que j’avais rigolé. Une autre fois, il ne m’a pas fait jouer. Il est venu devant moi, m’a regardé droit dans les yeux et a appelé une autre joueuse qui était malade et qui ne s’était pas entraînée de la semaine… On ne traite pas les gens comme ça! Après ce match, je n’avais plus envie d’entendre parler du basket. J’étais au fond du bac. Alors que je partais vers la gare, complètement perdue, un ami m’a appelé. J’ai pleuré pendant 30 minutes au téléphone. C’était une période difficile. Je ne mangeais plus, je me suis évanouie trois fois en cours… Ça n’allait plus.»

«Il nous enfonçait la tête sous le sable et il nous la maintenait!»
Marina Lugt

«Avec Romain, ce n’était jamais assez bien. A la mi-temps d’un match contre Lancy, il est entré dans le vestiaire et a hurlé: «Vous jouez vraiment comme une bande de sales putes!» Dans le groupe, il instaure le règne de la peur. Il nous enfonçait la tête sous le sable et il nous la maintenait! Souvent, je me disais que c’état moi qui me faisais des films, que le coach ne pouvait pas me faire de mal. Nous étions arrivées à un point où nous étions contentes d’aller nous faire engueuler dans son bureau, car cela signifiait qu’il en avait quelque chose à faire de nous. C’était presque une fierté de ressortir en pleurant. Et lui se vantait de nous avoir fait bien chialé. Je lui avais écrit une lettre à la fin de la saison pour lui faire part de mon mal-être. En la relisant aujourd’hui, j’ai de la peine pour cette enfant. Tout le monde voyait que quelque chose n’allait pas. Les gens venaient vers moi et me demandaient: «Il se passe quoi?» A Elfic, personne ne réagissait. Seule Caroline Turin (une de ses coéquipières, ndlr) est venue me dire: «Serre les fesses et pense à l’équipe.» Aujourd’hui, je termine un processus avec un psychologue du sport qui a duré cinq ans et je suis heureuse de jouer dans un environnement sain.»

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