Basketball. Green peut-il devenir le facteur X d’Olympic?

Xavier Green, c’est d’abord une lettre: le «X». Lettre qui est aussi un chiffre romain: le 10. «Si j’ai le 23 sur mon maillot, commence-t-il, assis sur les escaliers de la salle Saint-Léonard, les genoux pliés et les yeux plissés, ce n’est pas à cause de Michael Jordan. Oh non! Mais parce que le 10, qui est mon numéro fétiche, était déjà pris. Par qui? Je ne sais pas (porté par Vladimir Karati puis Patrick Koller, le numéro a été retiré, ndlr). Pas par moi, en tout cas.» Sourire.

L’aventure de Xavier Green avec Olympic a commencé sur une déception sentimentale que seuls les basketteurs superstitieux peuvent comprendre ou expliquer. Elle s’est poursuivie tant bien que mal, avec peu de hauts et beaucoup de bas, jusqu’au 20 janvier dernier, lorsque au milieu du troisième quart, l’ailier américain s’est senti pousser des ailes. Au total, 17 points, dont 13 consécutifs, pour une victoire 80-73 face à un Massagno médusé, comme le public. Ce même Massagno que le leader fribourgeois de SB League retrouvera ce samedi après-midi, à Montreux. En jeu, une place en finale de la Coupe de la Ligue (SBL Cup), finale prévue le lendemain, au même endroit.

«Une belle personne»

«Ce soir-là, reprend le natif de Virginie, c’était le vrai Xavier Green. J’étais comme inarrêtable. J’ignore si on le verra à chaque fois mais, dorénavant, je sais que je peux prendre feu à tout moment.»

L’«enflammade» demande confirmation. Elle vient récompenser la patience d’un club qui aurait pu se séparer de sa décevante recrue (9 points et 4 rebonds en 22 minutes de moyenne par match) mais qui a choisi de faire confiance au potentiel athlétique d’un joueur au caractère plus ouvert qu’il n’y paraît. «Xavier est une belle personne, qui ne triche pas, souligne Thibaut Petit. Le mois de novembre a été particulièrement difficile au niveau de l’intégration, mais il a fait des efforts qui ont été remarqués, donc on s’accroche, on a envie d’y croire.» Et de lancer tel un avertissement: «Il nous a donné raison lors du dernier match, mais Fribourg Olympic ne vit pas dans le passé. A lui de démontrer qu’il est capable d’enchaîner.»

A l’écouter, Xavier Green n’est pas homme à douter. Jamais. Pas même lorsque à l’été 2022, il quittait l’Université du Maryland pour vivre à Kongsberg, ville de Norvège dont il n’avait jamais entendu parler, sa première expérience chez les professionnels. «Pour être honnête, je ne sais pas si j’étais au nord ou au sud du pays, mais il neigeait beaucoup. Et souvent», se marre celui qui terminera la saison avec 22 points, 9 rebonds et 4 assists par match.

Temps de jeu

Des statistiques admirables mais trompeuses, le niveau du championnat norvégien se situant en deçà de la Swiss Basketball League. «C’est même beaucoup moins fort», estime Xavier Green avant d’ajouter: «Là-bas, j’évoluais à toutes les positions et je faisais tout. Ici…» Le problème est là. Sur les bords de la Sarine, Xavier Green n’est plus un soliste à qui l’on donne le ballon en disant: débrouille-toi! Il est l’un des dix éléments d’un collectif où la hiérarchie se dessine avec toujours plus de clarté et où les minutes sont équitablement réparties.

«J’ai eu de la peine à m’adapter à mon nouveau rôle et à mon nouveau de temps de jeu, mais j’ai compris qu’il fallait que je saisisse les opportunités quand elles se présentaient à moi, note-t-il. C’est parfois frustrant, mais cela ne doit pas m’empêcher de garder cette agressivité et cette polyvalence qui sont mes deux marques de fabrique.»