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Athlétisme

La cheffe de file, c’est Audrey Werro

Sacrée championne de Suisse à Saint-Gall, la Fribourgeoise s’est à nouveau jouée de Lore Hoffmann


 Pierre Schouwey

Pierre Schouwey

20 février 2023 à 02:01

Athlétisme » Audrey Werro une fois, Audrey Werro deux fois, Audrey Werro trois fois. A un mois de fêter ses 19 ans, la chercheuse d’or fribourgeoise a remporté un troisième titre national, le deuxième en salle. Alors que les récents résultats des unes et des autres ne laissaient déjà plus beaucoup de place au doute, le dénouement d’hier à Saint-Gall a confirmé la tendance qui se dessine depuis 12 mois: la Lacoise est en train de devenir la cheffe de file helvétique du 800 m.

Au pied du podium des championnats d’Europe de Munich l’été passé, Lore Hoffmann ne trouve toujours pas la solution face à sa jeune compatriote. En tête jusqu’à la mi-course, la Valaisanne de 26 ans a paru impuissante lorsque sa rivale a fourni son effort. «La tactique prévoyait que je garde de l’énergie pour les derniers tours. Tout s’est passé comme prévu», apprécie la vice-championne du monde juniors, première athlète à couper la ligne d’arrivée en 2’02’’87. Elle a devancé de huit dixièmes Rachel Pellaud, et non pas Lore Hoffmann, signe de la densité qui régnait dans la discipline ce week-end. «Avec l’arrivée de Rachel sur la distance, le niveau augmente encore. C’est vraiment stimulant.» «Montée» sur 800 m l’année dernière déjà, Veronica Vancardo a bouclé son effort en 2’07’’45. Un temps synonyme de cinquième rang.

Troisième temps européen

Au même titre que Jason Joseph et Ditaji Kambundji, deux champions qui ont abaissé leur record domestique du 60 m haies (7’’44 et 7’’81) en finale de ces joutes nationales, Audrey Werro sera l’un des nombreux atouts de la délégation helvétique en Turquie du 2 au 5 mars. A seulement 19 centièmes d’aller déloger Selina Rutz-Büchel au sommet de la hiérarchie helvétique le 4 février en Normandie, la pépite du CA Belfaux détient le troisième meilleur chrono (2’00’’57) du continent en 2023. La devancent à deux jours des séries de l’Euro d’Istanbul: l’intouchable anglaise Kelly Hodgkinson (1’57’’71) et la Slovène Anita Horvat (2’00’’44).

Les références chronométriques sont une chose, le vécu des grandes compétitions en est une autre. Encore novice en la matière, la collégienne de Courtepin se rendra sur les rives du Bosphore avec l’intention de poursuivre son apprentissage et sans pression aucune. «L’objectif sera de se qualifier pour les demi-finales. Plus, ce serait du bonus», expose Audrey Werro, dont les prochains jours serviront de préparation. Avant de retrouver Lore Hoffmann pour une autre finale le 5 mars?


Pascal Mancini: «Je suis en mission»

Sacré sur 60 m pour la sixième fois, le Broyard s’est emparé du record national en réalisant la 9e meilleure performance européenne de l’année (6’’58).

Ce n’était qu’une question de temps, 6 secondes et 58 centièmes précisément, pour que le Fribourgeois redevienne le sprinteur suisse le plus rapide de tous les temps en salle. Délesté en 2021 par Silvan Wicki d’un record qu’il a codétenu (avec Cédric Grand) durant 6 ans, Pascal Mancini a récupéré son bien aux championnats de Suisse, samedi à Saint-Gall, et personne n’est surpris.

Pas même l’intéressé, joint par téléphone au lendemain de sa prestation majuscule. Laquelle n’était pas de trop pour battre Enrico Güntert, Schaffhousois de 25 ans qui, en réalisant les limites européennes (6’’62), a poussé le roi de la discipline à se surpasser. «Après mon chrono de 5’’63 sur 50 m, je savais que j’avais du lourd dans les jambes», commente le désormais sextuple champion de Suisse du 60 m, auteur d’une nouvelle marque de référence (6’’58) à laquelle il ne tenait pas plus que ça. «Je cours mal quand je cours pour le chrono. Tout ce que je souhaitais c’était me mettre bien pour les championnats d’Europe. J’ai les yeux rivés sur Istanbul, où je vise ouvertement une médaille. Je suis en mission.»

En signant la neuvième meilleure performance européenne de l’année, à un centième du champion olympique italien Marcell Jacobs mais assez loin derrière l’Anglais Reece Prescod (6’’49), Mancini se donne les moyens de ses ambitions. «Ma course à Saint-Gall était bonne, pas exceptionnelle. Mon temps de réaction (0,127) est perfectible et comme, historiquement, j’ai pour habitude d’aller plus vite aux européens que durant le reste de la saison, je pense en avoir encore sous la semelle», avance celui dont le meilleur résultat sur la scène continentale reste une cinquième place acquise en 2015 à Prague, là où il avait «claqué» son précédent record (6’’60).

De l’eau, beaucoup d’eau même, a coulé sous les ponts depuis. Devenu persona non grata de l’athlétisme helvétique à la suite de ses écarts de conduite en 2018, le Staviacois s’est racheté une réputation en même temps qu’il a retrouvé l’étoffe d’un athlète de pointe, à près de 34 ans.

Une capacité à durer que même ses plus illustres contemporains lui envient. «Champion du monde du 60 m en 2014, l’Anglais Richard Kilty m’a approché pour me demander des conseils, sur mes méthodes d’entraînement notamment, car il n’a pas réussi à maintenir son niveau comme je le fais», dévoile le coach adepte du contre-pied. «Avant, je m’entraînais comme tout le monde et ça m’a saoulé. Aux longues et pénibles séries, je préfère une approche moins dure, plus basée sur le plaisir et la technique.» PSC

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