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Athlétisme

Audrey Werro, à 5 mètres et 6 centièmes du bonheur

Cinquième de la finale, Audrey Werro a frôlé la médaille de bronze aux championnats d’Europe en salle


 Pierre Schouwey

Pierre Schouwey

6 mars 2023 à 02:01

Istanbul » Il est plus facile de relativiser à 18 ans qu’à 30, moins rageant de laisser filer une occasion en bronze aux prémices plutôt qu’au crépuscule de sa carrière; reste que la déception est légitime. Sur le podium provisoire jusqu’à environ 5 mètres de la ligne d’arrivée, Audrey Werro a raté la médaille de bronze pour 6 malheureux centièmes, hier soir à Istanbul. Un écart infime après 800 mètres d’une bagarre à huit qu’elle a abordée dans la peau de la benjamine, le regard déterminé. Le dénouement est d’autant plus cruel pour la Fribourgeoise de bientôt 19 ans qu’elle a livré une course admirable, quatrième meilleure performance nationale de tous les temps à la clé (2’00’’91), non loin de son record de Suisse U20/U23 (2’00’’57).

Longtemps «cachée» à l’arrière du groupe de tête menée par l’intouchable Keely Hodgkinson, sacrée en 1’58’’66 sans forcer et comme attendu, la Lacoise a attendu l’entame du quatrième et dernier tour pour subtiliser la troisième place à la Française Agnès Raharolahy, creusant même un léger écart avec cette dernière. Mais comme le scénario de la demi-finale de la veille pouvait le laisser craindre, la dernière ligne droite s’est avérée de trop pour le prodige de Courtepin, rattrapé et dépassé de justesse par l’athlète tricolore (30 ans) ainsi que par l’Espagnole Lorea Ibarzabal (28 ans). «J’ai essayé de résister à leur retour, sans succès, raconte l’intéressée. Sur le coup, j’ai bien pensé que le podium m’avait échappé, mais j’ai quand même attendu que les résultats s’affichent…»

«Une belle évolution»

Raharolahy: 3e, 2’00’’85. Ibarzabal: 4e, 2’00’’87. Werro, 5e, 2’00’’91. Douloureux résultats, intéressant constat: «J’ai fait beaucoup de chemin à l’extérieur. Trop, sans doute. Ces mètres en plus se sont fait ressentir, comme la fatigue d’ailleurs, sur la toute fin», regrette la championne de Suisse, pas submergée par la déception pour autant. «Si la médaille était atteignable, j’arrive à relativiser en me disant que j’ai tout donné et que mes objectifs (se qualifier pour les demi-finales, ndlr) ont été atteints.»

De l’expérience, un chouïa de caractère et une petite réserve de carburant: voilà ce qu’il a manqué à la protégée de Christiane Berset Nuoffer pour venir embellir le bilan suisse et lancer idéalement ce qui aurait pu être l’heure la plus prolifique de l’athlétisme helvétique (lire ci-dessous).

«Audrey doit encore davantage oser s’imposer dans un peloton aussi dense que celui de la finale, être plus franche dans ses dépassements, choses qu’elle va assimiler peu à peu au contact des élites. Ces trois courses ici en Turquie – dont les deux premières, très tactiques, lui ont sans doute coûté un peu d’influx nerveux – lui serviront d’apprentissage pour la suite», relève la coach, fière du «chemin parcouru» en quelques mois par la figure de proue du CA Belfaux. «On voit déjà une belle évolution entre les championnats d’Europe de Munich l’été passé (élimination en séries, ndlr) et ceux d’Istanbul cet hiver», ajoute-t-elle.

A mi-chemin entre la Slovaque Anita Horvat, médaillée d’argent en 2’00’’54, et l’autre Romande de cette finale, la Valaisanne Lore Hoffmann (6e en 2’01’’22), Audrey Werro quitte ses premiers championnats d’Europe indoor les mains vides mais son bagage bien rempli. Relativisons: elle n’a que 18 ans, pas 30.

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