A vos marques, prêts, durez!

Athlétisme» Pâques peut bien attendre, la résurrection de Pascal Mancini a déjà eu lieu. C’était en 2022, après des années creuses durant lesquelles, sans le sou et boudé par sa fédération, l’enfant terrible aujourd’hui rangé de l’athlétisme helvétique a songé à ranger ses pointes pour se dédier au coaching. A Zurich, où il est devenu champion de Suisse à la fin juin, mais surtout à Bulle, piste miraculeuse qui l’a vu filer tout droit vers un nouveau chrono de référence sur 100 m deux semaines plus tard (10’’20), le Broyard de 33 ans est entré dans le club des «vieux» sprinteurs à succès, ceux que le poids des ans bonifie plus qu’il n’écrase.

Le trentenaire le plus rapide du monde en ce premier trimestre 2023 – aucun athlète né en 1993 ou avant n’a fait mieux que ses 5’’63 sur 50 mètres et ses 6’’58 sur 60 mètres – aura l’occasion de démontrer qu’il est resté jeune, d’esprit et dans les jambes, samedi à Istanbul, en plus de marquer l’histoire de sa discipline: jamais, en 36 éditions, un participant aussi âgé n’a fini sa course de six secondes et des poussières sur le podium d’un championnat d’Europe.

Comme Stefan Burkart

«Ce n’est pas une généralité, mais on voit souvent des spécialistes du sprint devenir plus solides la trentaine passée», constate cependant Patrick Saile, selon lequel «mieux se connaître» représente un avantage plus important sur le «court» que pour du «long». Entraîneur national du 100 et du 200 m à Swiss Athletics, par ailleurs en charge du relais masculin 4 x 100 m dont le Fribourgeois assume le rôle de capitaine, l’Allemand étaie son propos par des exemples: Mujinga Kambundji, 30 ans et plein de centièmes sous la semelle, ou encore Shelly-Ann Fraser-Pryce. Vice-championne olympique du 100 m à Tokyo en 2021, la Jamaïquaine a décroché un cinquième titre mondial l’année dernière, à l’aube de son 36e anniversaire.