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Société

Astrologie. Une génération la tête dans les étoiles

Une partie croissante des plus jeunes se passionne pour l’astrologie et autres arts divinatoires

Young witch recording video for blog at homeleonid iastremskyi

Claire Pasquier

Claire Pasquier

19 juin 2023 à 15:57

Croyances » Donovan Vienne tient à son petit rituel. Chaque matin, il consulte Co-Star, une application mobile d’astrologie hyperpersonnalisée. «Tu reçois une petite phrase, une affirmation sur laquelle réfléchir durant la journée», explique le jeune homme de 19 ans. L’appli est une sorte de réseau social où chacun peut consulter le thème astral de ses amis. «Elle est plus précise que l’horoscope, qui ne tient compte que du signe solaire», assure le Fribourgeois Lion, ascendant Vierge.

Comme lui, des millions de jeunes adultes et adolescents à travers le monde se passionnent pour l’astrologie. Dans un sondage publié au début de l’année, l’Institut IFOP souligne que 49% des 18 – 24 ans en France estiment que l’astrologie est une science contre 43% en 1999. Dans cette étude visant à «mesurer leur porosité aux contre-vérités scientifiques et ceci au regard de leur usage des réseaux sociaux», il a été établi que les jeunes les plus connectés étaient les plus enclins à croire au caractère scientifique de l’astrologie (53%).

Actu astro sur les réseaux

Donovan Vienne s’intéresse activement à cet art divinatoire depuis trois ans. C’est par le biais de sa maman et de sa grand-maman qu’il s’en est approché. «Je la vois comme un outil pour comprendre et justifier mes actes. Par contre, ça ne doit pas m’empêcher de prendre du recul et me remettre en question. C’est important d’être capable de changer.» A l’instar des jeunes de sa génération, il suit beaucoup les nouvelles astrologiques sur les réseaux sociaux. «J’utilise TikTok pour l’actualité, savoir que la Lune est rentrée en Gémeaux, par exemple. Ça aide à savoir comment les signes sont influencés. Instagram, c’est pour des informations de fond, plus théoriques. Je regarde aussi des tirages de cartes sur YouTube.» Sur ces vidéos, les cartomanciennes proposent un tirage pour chaque signe astrologique pour le mois à venir. «La cartomancienne fait trois tas de cartes et pose une pierre précieuse sur chacun d’eux. Toi, tu choisis la pierre qui te parle le plus et cela définit ton choix de cartes.» Mais attention, le jeune homme ne prend pas ces conclusions au pied de la lettre: «Il s’agit d’une guidance, mais il faut conserver son libre arbitre.»

Sur internet, l’humour est aussi devenu un vecteur important. Les comptes satiriques dédiés à l’astrologie pullulent sur Instagram. L’un des premiers comptes francophones à avoir vu le jour en 2018, @astrotruc, comptabilise 343 000 abonnés et mise sur les références à la culture populaire pour parler aux générations Y et Z.

Résolument liée à la pop culture, la pratique fait l’objet de nombreux podcasts et livres et est également à l’honneur dans une émission de téléréalité animée par Nabilla sur Prime Video en ce début d’année. Cosmic love serait le «tout premier dating show basé sur l’astrologie», avance la plateforme de streaming. En vingt épisodes, l’ancienne star de la téléréalité aide des jeunes femmes à trouver l’amour grâce aux astres. S’il ne connaît que de loin l’émission, Donovan Vienne se tourne aussi vers l’astrologie pour le guider dans ses relations amicales et amoureuses. «Je ne pourrais pas sortir avec quelqu’un qui a Vénus en Capricorne», lance-t-il. Et de préciser pour les non-initiés: «Vénus représente la vie amoureuse et les relations sociales. Moi j’ai Vénus en Lion, donc je suis très sentimental, tandis que les personnes qui ont Vénus en Capricorne sont plus cérébrales.»

En écho à l’individualisme

Mais pourquoi la jeune génération apprécie-t-elle tant l’astrologie? Premier intéressé, l’étudiant fribourgeois tente une réponse: «Notre société et notre génération sont assez égocentriques, alors tout ce qui a un rapport avec nous-mêmes, ça plaît.» Chercheur en psychologie sociale au Département de psychologie de l’Université de Fribourg, Pascal Wagner-Egger abonde: «Au niveau religieux, les gens vont chercher quelque chose de plus individualisé, comme le bouddhisme ou le yoga. Dans le New Age en général, on propose de faire son propre parcours initiatique.» Il note aussi un possible regain d’intérêt en opposition aux religions chrétiennes traditionnelles qui sont délaissées. Et pourquoi les jeunes en sont-ils si friands? «Les croyances marginales sont appréciées des adolescents qui souhaitent se démarquer des adultes, il y a une part de rébellion», suggère le chercheur. Il avance aussi le besoin de contrôler l’avenir (lire ci-dessous). Donovan Vienne confie: «C’est un moyen d’évasion, car ça nous rassure sur le court terme. Mais pas vraiment sur l’avenir à long terme et le réchauffement climatique…»

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