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Société. «Tous les enfants sont impactés de près ou de loin par le harcèlement»

Alors qu’il prend différentes formes, notamment virtuelles, comment reconnaître et combattre le harcèlement scolaire? Entretien avec Zoé Moody, professeure à la HEP Valais et chercheuse au Centre interfacultaire en droits de l’enfant de l’Unige.

Parmi les formes les plus indirectes de harcèlement, Zoé Moody relève le fait d’ignorer les publications de quelqu’un sur les réseaux sociaux: «Cela peu paraître anodin, mais quand on est une jeune fille qui poste une vidéo de soi qui danse et qui ne récolte aucun like, c’est violent.» © Unsplash

Claire Pasquier

Claire Pasquier

25 janvier 2024 à 12:20

Temps de lecture : 1 min

Fléau des préaux, le harcèlement se déploie toujours plus virtuellement et ne laisse que peu de répit à ses victimes. En y consacrant une journée d’études jeudi, la chaire francophone de travail social et politiques sociales de l’Université de Fribourg et Pro Familia Suisse ont réuni un panel de spécialistes suisses pour en discuter. Parmi les intervenants, Zoé Moody, professeure à la HEP Valais et collaboratrice scientifique au Centre interfacultaire en droits de l’enfant de l’Université de Genève, connaît très bien le phénomène pour l’avoir étudié lors d’enquêtes de prévalence conduites en Valais. «Lorsqu’il y a du harcèlement, c’est tout le système qui est en souffrance, toute la dynamique de classe: parmi les enseignants, il y a davantage de burn-out et les apprentissages académiques des élèves en pâtissent», relève-t-elle. Interview.

Selon Stop Suicide, environ 3 enfants par classe sont exposés au harcèlement scolaire. Qu’est-ce que cela signifie concrètement?

C’est lié au fait d’avoir des enfants qui apprennent à vivre ensemble durant six ou sept heures par jour et qui vont commettre des erreurs, comme ils en font en maths par exemple. La recherche indique que 87% des élèves se disent concernés par le harcèlement soit parce qu’ils en sont témoins ou qu’ils ont peur d’être la prochaine victime: tous les enfants sont impactés de près ou de loin. En tant que parent, il importe d’avoir une posture admettant que ça peut arriver et de réfléchir à comment faire en sorte que les enfants entendent parler de cette problématique et de savoir comment ils peuvent venir en parler ou comment ils peuvent aider les autres.

Comment réagir en tant que parent?

Avant tout, accueillir la parole, valider… Il ne faut pas oublier que le harcèlement, c’est tout un spectre: ça peut être des baskets mouillées dans l’évier après la gym, des boulettes de papier lancées… Il est aussi crucial d’être ouvert au dialogue avec l’école et de lui faire confiance. Ce n’est pas aux parents de mener l’enquête. Mais il s’agit tout de même d’un partenariat et c’est parce que l’on a signalé un comportement qu’il peut y avoir une démarche. En tant que parent, il y a un droit de retour, d’information. Parfois, il y a des représailles après dénonciation, donc c’est aussi en croisant les regards entre parents et enseignants qu’on peut savoir s’il y a eu amélioration.

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