Le professeur a trouvé son équilibre
Après avoir sillonné l’Europe, Julien Pedersin enseigne depuis six ans au Cirque Toamême, à Fribourg.
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10 juin 2023 à 17:40
Portrait » Au cirque Toamême, mois de juin rime avec spectacles, tout plein. Hier à Charmey, demain à Villars-sur-Glâne ou dans les anciens bâtiments des EEF, en Basse-Ville de Fribourg, où l’association a monté son chapiteau: pour les jeunes acteurs de la «petite tournée», il s’agit d’abord d’apprivoiser son stress, le public étant acquis à leur cause quoi qu’il arrive - une chute de monocycle, une balle mal réceptionnée, une corde à sauter qui s’entortillerait dans un élément du décor…
Au Cirque Toamême, fondé il y a plus d’un quart de siècle par Urs Egger, lequel a passé la main depuis, mois de juin rime aussi avec Julien Pedersin, un professeur à temps plein capable de faire les présentations en russe ou en allemand, la tête à l’envers et les jambes en grand écart, et dont la philosophie résolument tournée vers les autres renvoie moins au strass de Las Vegas qu’au signor Vitalis, le saltimbanque du roman d’Hector Malot qui avait pris Rémi sans famille sous son aile.
Ecole de vie
«Moi qui adore la technique, je trouve fou ce que des «usines» telles que le Cirque du Soleil proposent maintenant. Mais il me manque le côté humain, le côté école de vie», expose Julien Pedersin avant de parler de sa propre expérience, acquise d’abord dans le Lubéron, au milieu des champs de lavande, où il a vu le jour il y a 31 ans.
«Quand je suis revenu à Apt avec mon bagage universitaire, que j’ai réintégré la compagnie de mes débuts et qu’il a fallu «checker» la cuve à mazout pour faire marcher le canon à chaleur, ben… je ne savais pas faire! Mais j’ai appris. Vous avez parlé de la petite tournée, mais il y a aussi la grande, qui prendra la route en juillet en direction de l’Italie. Pour ces artistes en herbe, il ne s’agit pas seulement de jouer. Il faut monter la scène, changer la batterie ou les roues de la caravane, faire à manger pour 15-20 personnes, brancher les lumières, etc. Une année, il y avait un élève qui adorait réparer les camions. C’est très bien ainsi: il y a de la place pour tout le monde. Le cirque, n’est-ce pas aussi le reflet de la société?»
A la ville
Naît le 23 septembre 1991 à Apt, dans le Vaucluse, en France. Fils unique. Sa mère est infirmière, son père «a fait plein de petits boulots.» En couple. Habite Cottens. Après un baccalauréat littéraire, il décroche un bachelor en musicologie.
A la scène
Diplômé de l’Ecole de Cirque de Bruxelles. Avant
de rejoindre
la Suisse et le Cirque Toamême de Fribourg,
en 2017,
a notamment étudié
les équilibres sur les mains à Kiev et travaillé
au Gallway Community Circus, en Irlande.
La voix est douce, à peine teintée de l’accent du Sud dont il est originaire. Et pour cause: n’est-ce pas au Nord, de Lyon à Gallway, où Urs Egger est venu le chercher il y a six ans, en passant par Bruxelles et Kiev, que Julien Pedersin a trimbalé son accordéon et son diabolo? «Après un bac littéraire, je suis parti à Lyon puis à Berlin, où j’ai terminé mon bachelor en musicologie, rembobine le Cottensois d’adoption. Pour moi qui jouais du piano depuis tout petit, c’était hyperintéressant. Mais un bachelor, ça ne débouche sur rien.»
Un ami lui parle alors d’une formation d’un an dans les arts du cirque, à Bruxelles. «J’avais envie de bosser et je jonglais pas mal – j’avais même participé à quelques festivals en Europe. Je suis donc parti.» Et de préciser: «Longtemps, les cours de cirque étaient donnés par des anciens artistes «cassés» ou des jeunes en attente. Bruxelles a l’avantage de proposer une «vraie» école pour devenir professeur. Le programme se voulait généraliste – on touchait à tout - mais pédagogique.»
Sur les mains
Transmettre avant de brûler les planches, le collectif au profit de l’individu, à moins que ce ne soit le contraire: en Belgique, Julien Pedersin se découvre une vocation à laquelle il ne dérogera plus. Ou seulement lors d’une parenthèse de neuf mois en Ukraine où le prof’qu’il est redevient l’élève qu’il a été.
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