Le chant, comme un don intime

Lentigny » Une silhouette, guitare à la main, se découpe par la fenêtre du local attenant à la villa de Lentigny. A l’intérieur, un monde à part, rêve foisonnant au plafond pavé de livres, aux murs envahis de sculptures, peintures, CD et cartes, telles des histoires qui s’entrecroisent. Un lieu à l’âme vagabonde et poétique, à l’image de son créateur, le chanteur-poète et auteur fribourgeois Guy Sansonnens. Derrière les lunettes rondes, le regard oscille. Pétillant, malicieux, parfois traversé d’ombres fugaces. D’emblée, il offre au visiteur deux chansons de son cru, l’une actuelle, l’autre composée à ses débuts il y a 50 ans, ouvrant une porte sur son univers. On y découvre ces «vieux oiseaux» des Grands-Fontaines, qui ont «perdu leur colombe ou n’ont jamais été bagués» ou ce fils demandant à sa mère «ça fait comment les gens qui s’aiment est-ce que l’on récolte ce qu’on sème…» Toute la poésie des bribes de vies humaines, qui dévoile aussi celle de l’auteur: «Ce qui m’importe quand je chante, c’est le don intime. Donner à hauteur des gens, en face. Et je suis heureux d’avoir su rester moi-même, c’est important: je ne vends pas mon âme!» lâche-t-il.

Survivre à la mort

Sensible sans sensiblerie, «guerrier pacifique» que les injustices révoltent, Guy Sansonnens est de ceux que la vie a bousculés. Il naît en 1949 à Autavaux (Estavayer), grandit dans la ferme familiale entre 8 frères et sœurs. Il naît «le jour des morts mais aussi des cerfs-volants au Mexique, je suis entre-deux». Et en effet, de son enfance, à l’âge adulte côtoyant des gens en fin de vie, toute son existence est marquée par la mort, confie-t-il: trois semaines avant sa naissance, son oncle décède tragiquement, puis il perd sa sœur des suites d’un accident de luge, et à 9 ans, a le même accident au même endroit mais sans gravité.