Le Big Band de jazz fribourgeois fête la sortie d’un nouvel album
Le Big Band du Conservatoire de Fribourg fête samedi en concert la sortie d’un nouvel album
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Eric Steiner
6 décembre 2022 à 13:43
La Spirale » C’est un concert hors normes que donnera ce samedi le Big Band du Conservatoire de Fribourg (BBCF) à La Spirale. Pour sa troisième décennie d’existence, l’orchestre fondé par Max Jendly et dirigé depuis deux ans par Mathieu Kyriakidis présentera un répertoire constitué d’une dizaine de pièces originales signées par les professeurs, anciens ou actuels, de la section jazz: un projet commencé par le précédent directeur du BBCF, Michel Weber, qui avait dû être reporté par deux fois pour cause de Covid. Et comme dans les meilleurs shows américains, plusieurs compositeurs viendront interpréter leur morceau en «special guest». Ce sera aussi l’occasion de fêter la sortie d’un album au titre évocateur, Les beaux jours, enregistré dans des conditions très particulières. Explications avec Mathieu Kyriakidis, un chef d’orchestre qui ne manque pas d’idées ni de ressources.
Après deux années compliquées, voici un concert pour le moins attendu…
«Jouer dans un big band, c’est une expérience très particulière»
Mathieu Kyriakidis
Mathieu Kyriakidis: En fait, tout était déjà prévu lorsque j’ai été engagé en 2020 en pleine période Covid. L’idée venait de mon prédécesseur, Michel Weber, qui avait commandé des compositions à ses collègues de la section jazz pour célébrer son départ. Seulement vu les circonstances, ce concert a été repoussé à deux reprises et on ne pouvait même plus répéter puisqu’on n’avait pas le droit de se réunir à plus de cinq dans le même espace.
Mais vous avez tout de même réussi à produire tout un album avec ces compositions qui seront interprétées en live ce samedi…
Oui, la question était de savoir comment continuer à faire travailler les élèves dans des conditions pareilles. Et c’est là que j’ai eu l’idée d’enregistrer ces morceaux section par section, voire instrument par instrument. Pour les élèves, c’était une expérience extrêmement intéressante du point de vue pédagogique puisqu’ils devaient apprendre notamment à jouer devant un micro avec un casque sur les oreilles.
Vous avez vous-même fait partie du BBCF, il y a plus de vingt ans, en tant que très jeune pianiste. Qu’est-ce qui a changé depuis?
«J’essaie de le faire vivre, tout simplement!»
Mathieu Kyriakidis
Je pense que chaque chef apporte une approche spécifique. Avec Max Jendly, il y a eu beaucoup de moments hauts en couleur, des voyages à Cuba, à La Nouvelle-Orléans, une ambiance très conviviale, c’est le souvenir que j’en ai. Michel Weber, c’est un puits de science du jazz et le Big Band en a bien profité, notamment grâce aux nombreuses partitions qu’il a fournies et qui restent un outil précieux. Quant à moi, j’essaie avant tout de faire jouer l’orchestre le plus possible, que ces jeunes musiciens puissent faire l’expérience du concert, qu’ils puissent développer des solos, oser des choses. J’essaie de le faire vivre, tout simplement!
Le big band, c’est un passage obligé pour un musicien de jazz?
Oui, je trouve. Jouer dans un big band, c’est une expérience très particulière. Par exemple dans la section rythmique, on doit prendre en compte des choses qu’on ne retrouve nulle part ailleurs. Il faut savoir où jouer au milieu d’une masse sonore impressionnante. Et c’est valable pour les autres instruments, il faut trouver sa place.
Qu’est-ce qui motive des jeunes aujourd’hui à étudier le jazz que l’on qualifie volontiers de musique de vieux?
Il y a toujours de l’intérêt pour cette musique parce qu’elle se renouvelle. Il y a des nouveaux groupes comme Domi et JD Beck ou Louis Cole par exemple, des jeunes artistes qui parlent aux jeunes. Le cadet du BBCF a 16 ans et on a plusieurs membres qui sont dans la vingtaine, des garçons mais aussi des filles, ce qui me fait particulièrement plaisir: samedi par exemple il y aura cinq musiciennes sur la scène.
Le big band traditionnel apparaît comme une formule orchestrale très figée. Est-ce que ça ne manque pas de créativité?
«Il y a toujours de l’intérêt pour cette musique parce qu’elle se renouvelle»
Mathieu Kyriakidis
Le problème c’est que tout ce que l’on trouve, ce sont des arrangements faits pour un big band traditionnel, cinq saxophones, quatre trombones, quatre trompettes et une section rythmique. Donc pour nous qui achetons des partitions, nous sommes bien contents qu’elles correspondent à notre formule orchestrale. On écrit aussi nos propres arrangements et on dispose d’une bonne bibliothèque dans laquelle on puise depuis trente ans. Mais lors des répétitions, je tente aussi de ménager des petits moments plus libres où je donne quelques indications et tout le monde essaie d’improviser autour de quelques notes. Pour moi, si on ne fait que lire, on ne peut pas être vraiment dans la musique.
Sa 20 h 30 Fribourg. La Spirale.
Les beaux jours est bien un album, pas un CD
Fruit d’un long et patient travail, ce troisième album du BBCF ne verra pas le jour sous forme de CD. Pour le découvrir, il faudra se tourner vers les services de streaming, un choix réfléchi et assumé par Mathieu Kyriakidis. «La production d’un CD est coûteuse, explique-t-il, et il n’y a plus beaucoup de gens qui écoutent de la musique sur ce support. Je connais des choeurs qui se retrouvent avec des cartons de CD dont ils ne savent plus quoi faire. Moi-même, quand j’ai envie d’écouter un disque, je regarde ma discothèque et finalement, je le télécharge sur mon smartphone. L’important c’est de laisser une trace et de donner la possibilité à tout le monde de l’écouter».
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