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Société

L’art timbré à découvrir à l’Espace des inventions

L’Espace des inventions consacre sa nouvelle exposition-atelier à l’art timbré

Dans un petit film, Thierry Romanens explique le voyage d’un objet posté. A droite, deux créations d’art timbré: un couvercle de casserole et une lettre tricotée.

 Tamara Bongard

Tamara Bongard

12 décembre 2022 à 13:07

Lausanne » C’est de l’artisanat qui voyage, c’est de la création épistolaire, c’est de l’imagination qui pense en dehors de la boîte comme disent les Anglais mais qui se glisse tout de même dans un écrin jaune. Bref, c’est de l’art timbré, c’est-à-dire des œuvres transitant via les PTT comme disent les plus anciens. L’Espace des inventions à Lausanne consacre sa nouvelle exposition-atelier à cet objet postal pas toujours identifié. L’institution dont la mission principale est l’éveil scientifique propose avec cet événement de présenter une activité culturelle méconnue. Comme une… à la poste est destiné aux adultes mais est tout à fait accessible aux enfants.

L’art timbré, appelé mail art dans la langue de Shakespeare, ne se soumet pas à beaucoup de règles. «Il s’agit d’une production personnelle, affranchie avec un timbre, adressée à quelqu’un et qui arrive au destinataire par La Poste», explique Emmanuelle Giacometti, la directrice de l’Espace des inventions. Il peut s’agir d’une enveloppe recouverte de dessins telle une enluminure médiévale ou même d’une pierre, d’une cuillère en bois ou de n’importe quel truc non emballé dans un carton et entrant dans la fente de la boîte jaune. La dernière règle étant l’interdiction de passer au guichet.

Tong ou couvercle

««Il s’agit d’une production personnelle, affranchie avec un timbre, adressée à quelqu’un et qui arrive au destinataire par la poste»
Emmanuelle Giacometti

L’exposition commence donc par un module montrant comment reconnaître une œuvre de mail art. Le courrier administratif n’appartient clairement pas à cette catégorie. Mais qu’en est-il si quelques autocollants décorent l’enveloppe? Quand les créations intègrent si bien le timbre qu’elles le fondent dans un décor, elles s’approchent du monde artistique. Pour complètement y entrer quand cet artisanat se matérialise en un minipull de Noël tricoté.

Née dans les années 60, la pratique a été adoptée par des artistes, comme Jean Tinguely ou Danielle Jacqui dont l’ORGANuGAMME vient d’être installé à la Ferme des Tilleuls de Renens. Cette forme d’expression respire la liberté. «Certains artistes utilisent le mail art pour court-circuiter le marché de l’art et des galeries. Pour revendiquer des idées politiques. Pour décloisonner et désacraliser la notion d’art», note un panneau de l’exposition. Des amateurs se sont aussi emparés de la technique s’affranchissant de toute morosité, par exemple la journaliste Emmanuelle Ryser qui a collaboré avec l’équipe de l’Espace des inventions.

Plus loin, en soulevant des trappes, on constatera qu’il est possible d’envoyer un couvercle de casserole, une tong ou même un mouchoir en papier. En déclinant l’expression «comme une lettre à la poste», l’exposition prouve qu’un objet peut passer «comme une tapette à la poste» ou «comme une sonnette à la poste». L’équipe de l’Espace des inventions et Emmanuelle Ryser se sont même littéralement envoyé des lettres, c’est-à-dire des objets de forme alphabétique allant de A à Z. Elles se sont également échangé des signes de ponctuation qui ont dû provoquer quelques interrogations. Le point d’exclamation contenait bien toutes les coordonnées nécessaires mais rédigées en morse. La Poste a déchiffré les renseignements pour transmettre l’objet à son destinataire avec le commentaire, en morse, «Et ça vous fait rire»…

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