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Société

La Ligurie vire au rouge

La Riviera italienne était plutôt épargnée par le Covid-19 avant l’été. Pourquoi un tel revirement?

En Ligurie, comme à San Lorenzo, la saison estivale se clôt sur un bilan mitigé.

Gilles Labarthe

Gilles Labarthe

27 août 2020 à 18:02

Temps de lecture : 1 min

Reportage » «Passe en premier! Toi, tu travailles, moi, je suis en congé, j’ai tout le temps.» Sur la plage publique de San Lorenzo al Mare, petite bourgade de Ligurie occidentale lovée en bord de mer, les propos restent courtois et le dialogue ouvert, malgré une affluence record. Comme entre ce touriste italien et le vendeur ambulant de pêches et noix de «coco bello», venu se rafraîchir au robinet d’eau potable. Le soleil est radieux, les vacanciers bien présents et toutes les installations de tourisme – locations de transats, de vélos, glaciers, restaurants, hôtellerie… – tournent à plein régime.

D’Imperia et San Remo, la plupart des plages sont bondées. Les restaurants affichent «completo», à l’image d’U Nustrumu, établissement qui offre aussi la location d’emplacements sous parasols en espace privatif. «Fort heureusement, on a beaucoup de travail. La saison est déjà si courte», souffle plus loin un gérant de restaurant à Puerto Maurizio, qui s’active entre la caisse et ses rangées de tables, toutes occupées. L’été incite à la dépense. Et à la détente. Du reste, en maillot de bain ou bikini, où ranger son masque? On en oublie facilement les prescriptions des règles sanitaires, pourtant affichées devant tous les établissements. Ou de jeter un coup d’œil aux manchettes de journaux.

Du vert au rouge

Depuis mi-août, de nombreux médias italiens relaient pourtant des informations inquiétantes sur l’explosion des cas de contamination, surtout chez les jeunes, et de nouveaux clusters. «En Italie, la situation se dégrade», titrait le 14 août le grand quotidien La Repubblica. Si prisée des touristes, la province côtière de la Ligurie était classée «zone verte» en juillet, au début des vacances d’été, en raison de son très faible taux de cas signalés positifs au Covid-19. Elle est passée en rouge en quelques semaines seulement, avec un indice de contagion supérieur à 1. Comment expliquer un tel revirement, malgré les règles de prévention en vigueur, dans un pays qui dès le début de la crise était le premier en Europe à imposer des mesures aussi drastiques de confinement, fin février et début mars 2020?

Certains observateurs regrettent que les autorités locales, depuis le déconfinement courant mai, se soient à ce point reposées sur la responsabilité des particuliers, dans une forme d’autogestion «au jour le jour» de la pandémie – hormis quelques fermetures de discothèques et mises en quarantaine. Comme s’il fallait à tout prix sauver les apparences, et la saison estivale, poumon de l’économie locale (voir ci-dessous). «Sans contrôle, les règles sont inutiles», avertissait encore le quotidien régional La Stampa le 22 août, tandis que le bilan s’alourdissait, dépassant alors la barre des 1000 nouveaux cas par jour dans le pays, suivant les données officielles de la Protezione civile. Le 30 juin dernier, le bilan n’était que de 142 cas.

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