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Jardin

Contre le vice, les berbéris se hérissent


Jean-Luc Pasquier

Jean-Luc Pasquier

25 avril 2022 à 22:05

Jardinage

Au pays des chameaux, l’herbe n’est pas plus verte qu’ailleurs. D’ailleurs, il n’y a tout simplement plus d’herbe. Les vils camélidés ont tout bouffé et le soleil a cramé ce qui restait. Aussi, la nature a transformé la tendresse des plantes en épines acérées. Cette stratégie leur évite de se faire larder le lard par de fétides broutards. En effet, il vaut mieux ne pas être tendre dans ce pays où il fait aussi chaud que dans un haut-fourneau et où traînent ces vieux chameaux.

«Pour castrer les envies de brouter de ces putrides ruminants, elle a équipé les plantes d’une armure hérissée de piquants»

Alors mettez-vous à la place d’une salade pommée face à l’appétit d’un camélidé. Voir sa chair beurrée reniflée par de gros naseaux poilus, croquée par une gueule de traviole et se faire engloutir par une mâchoire édentée aux relents d’égouts, c’est révoltant. Vraiment, ces ongulés, pardonnez du peu, ont une haleine aussi écœurante que le crachat de leurs cousins les lamas. Une terrifiante odeur acide, un mélange de relents gastriques et de hyène faisandée. Donc la nature a réagi. Pour castrer les envies de brouter de ces putrides ruminants, elle a équipé les plantes d’une armure hérissée de piquants. Na, bien fait. Malgré cela, les langues les plus habiles arrivaient à se faufiler entre ce mikado de cure-dents. Alors, les plantes ont décidé d’en remettre une couche. Les grandes feuilles molles se sont transformées en pelotes d’épingles. Comprenez qu’elles ont réduit leur taille et leurs petits limbes se sont armés de minuscules pointes. Même la texture beurrée est devenue aussi coriace que du cuir tanné. Désormais, les plantes peuvent braire: «Arrière! Petit dromadaire…»

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