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Histoire vivante

Arthur, la longue histoire d’un mythe

Source d’inspiration artistique et instrument politique, la légende millénaire ne cesse de se renouveler


Pascal Fleury

Pascal Fleury

12 août 2021 à 21:01

Temps de lecture : 1 min

Cycle breton » Alors que le film Kaamelott d’Alexandre Astier bat des records de fréquentation en salles, un retour sur l’histoire légendaire du roi Arthur s’impose. Château de Camelot, chevaliers de la Table ronde, quête du Graal, amour courtois: au-delà du mythe, quels sont les fondements historiques de cette saga millénaire largement récupérée à des fins politiques, qui n’a cessé d’inspirer les artistes et imprègne toujours profondément l’imaginaire populaire? Les explications de Justine Breton, maître de conférences en littérature à l’Université de Reims et auteure de plusieurs ouvrages (à découvrir en fin d’article) sur la «matière de Bretagne».


Le mythe du roi Arthur a des racines très profondes. Quels en sont les fondements historiques?
Justine Breton: On ne sait quasiment rien de l’Arthur historique. A tel point qu’il y a aujourd’hui un consensus parmi les médiévistes pour dire qu’il n’a pas existé. Il est fort probable que les récits arthuriens aient été greffés sur les figures de plusieurs chefs de guerre ayant vécu autour des Ve et VIe siècles dans la Bretagne insulaire. Mais ce qu’on connaît aujourd’hui du roi Arthur, avec les chevaliers de la Table ronde et la quête du Graal, n’a rien à voir avec ces éventuels chefs du Haut Moyen Age. Selon certains chercheurs, le nom d’Arthur (Ars, Artos, Artus), qui est assez courant à l’époque, renvoie à la racine galloise «arth», l’ours, un animal symbole de puissance guerrière dans la culture celte. Cette interprétation ne remonte toutefois qu’au XIXe siècle.

D’où vient alors ce roi Arthur chanté par les bardes?
La légende arthurienne apparaît au XIIe siècle sous la plume de l’évêque gallois Geoffroy de Monmouth, au service du roi Henri Ier d’Angleterre. Vers 1135-1138, il écrit en latin une Histoire des rois de Bretagne, dressant une généalogie complète des souverains bretons et n’hésitant pas à remonter aux glorieux Troyens pour valoriser le roi en place. Il s’inspire de chroniques plus ou moins fiables, dont celle du moine Nennius vers 829, qui mentionne un chef Arthur tué lors de la bataille de Camlann. Mais il se montre aussi très inventif pour que le récit reste cohérent, intégrant même des combats contre des géants. Le règne du roi Arthur occupe le tiers de sa chronique. Il décrit sa naissance magique sous les auspices de Merlin, ses combats extraordinaires, sa conquête d’une grande partie de l’Europe, et sa disparition. Divers éléments emblématiques figurent déjà dans le récit, comme l’épée Caliburnus, que Chrétien de Troyes renommera Excalibur. L’œuvre de Geoffroy de Monmouth va inspirer toute une série d’auteurs, dont Wace qui invente le thème de la Table ronde, Béroul avec son Tristan et Iseut ou Robert de Boron qui fait du Graal une relique chrétienne. Ces auteurs vont enrichir la «matière de Bretagne» de plus de 220 récits arthuriens jusqu’au XVe siècle.

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