Apprendre de la nature pour vivre

Expérience » Chacun ses problèmes. Ici nous nous débattons avec les nouveaux variants du Covid-19, ailleurs d’autres doivent improviser à la suite de défaillances techniques. Des enjeux très différents, a priori, mais… Quand, le 28 janvier 2021, le pilote brésilien Antonio Sena constate en plein vol que son monomoteur Cessna 210 est soudain tombé en panne, le crash en pleine forêt amazonienne s’avère inévitable. Ressorti comme miraculé de l’accident, il livre un récit poignant de cette épreuve initiatique et fait le lien avec la pandémie, en avertissant: la nature est «un être qui respire et qui souffre». Généreuse avec ceux qui la respectent, mais rebelle quand les hommes l’agressent. Interview.

Antonio Sena, qui êtes-vous, d’où venez-vous?

Antonio Sena: Je suis pilote d’avion, né au Brésil, en Amazonie, où j’ai grandi et où je vis. Je suis fier de cette origine.

Que faisiez-vous à bord de votre avion avant le crash?

J’étais dans cet avion un peu par hasard: j’ai dix ans d’expérience dans l’aviation, j’ai travaillé comme pilote pour des compagnies minières internationales, comme au Tchad… puis j’ai changé et ouvert un café-restaurant. Mais à cause de la pandémie qui nous a beaucoup touchés au Brésil, nous avons dû fermer. J’ai toujours ma licence de pilote; on m’a proposé d’effectuer un vol pour approvisionner une mine d’or en Amazonie, dans l’Etat du Pará (au nord du pays). Je n’ai jamais approuvé ces exploitations d’or, illégales mais tolérées faute d’intervention des autorités. La situation est très sensible en Amazonie depuis cinquante ans. D’un côté, elles sont une des rares sources de revenus, mais de l’autre elles détruisent l’environnement. J’ai pourtant accepté cette mission, j’avais besoin d’argent.