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Histoire vivante

Agent Poutine, rien que pour vos yeux

L’ex-agent du KGB fait appel à ses services secrets pour donner une image forte de la Russie à l’étranger


 Pascal Fleury

Pascal Fleury

17 décembre 2021 à 02:01

Temps de lecture : 1 min

Russie » Fan de James Bond, le jeune Vladimir Poutine, agent au KGB, aurait bien aimé détenir le «permis de tuer», pouvoir «vivre et laisser mourir» et envoyer des «bons baisers de Russie». Aujourd’hui président de la Fédération de Russie, il soigne son image, et celle de son pays, en faisant appel aux services secrets. «For your eyes only!», aurait plaisanté Roger Moore. Un objectif qui va bien au-delà des affaires rocambolesques qui filtrent dans les médias. Explications de l’historien Andreï Kozovoï, maître de conférences à l’Université de Lille, dont l’ouvrage Les services secrets russes – Des tsars à Poutine¹ vient d’être honoré du Grand Prix de l’Académie du renseignement, à Paris. Entretien.

Il y a 30 ans, lors de la chute de l’URSS, le KGB a été dissous. Mais d’autres officines l’ont aussitôt remplacé. Comment expliquez-vous cette permanence?

Andreï Kozovoï: Dans les services secrets russes, ce qui prévaut, c’est la continuité. L’état d’esprit n’a pas changé depuis l’époque soviétique. Cela concerne tant le Service de renseignement étranger (SVR) que le Service fédéral de sécurité (FSB). Les agents secrets russes continuent de se faire appeler «tchékistes», bien que la très redoutée Tchéka, la première police politique soviétique, ait été dissoute en 1922. L’appellation est maintenue pour honorer la mémoire de cette époque héroïque. La période de Iouri Andropov, qui a dirigé le KGB de 1967 à 1982 avant de présider aux destinées de l’URSS, fait aussi l’objet d’un culte mémoriel. C’est sous Andropov que Poutine a fait ses classes d’agent secret. Le renseignement militaire (GRU) s’inscrit dans cette même continuité. Ce sont ses agents qui ont tenté d’empoisonner l’ancien espion Sergueï Skripal et sa fille Ioulia en 2018 à Salisbury (GB), enduisant d’un poison violent, le Novitchok, une poignée de porte. La GRU reste aujourd’hui très active, que ce soit en Ukraine, Syrie ou Afrique.

S’il y a continuité, pourquoi avoir dissous le KGB en 1991?

Parce que son chef de l’époque, Vladimir Krioutchkov, a participé au putsch manqué contre Mikhaïl Gorbatchev, en août 1991. Et surtout, parce que Boris Eltsine, alors président de la République soviétique de Russie, y voyait un symbole du passé totalitaire. Mais le service de renseignements va vite renaître de ses cendres. Aujourd’hui encore, les gens qui travaillent au FSB ou au SVR sont souvent d’anciens membres des services secrets soviétiques.

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