A l’affût au milieu des nantis

Lecture » «Les Pinçon-Charlot nichent habituellement dans les quartiers huppés de nos contrées. Attirés par tout ce qui brille, ils apprécient notamment les terrains de golf ou de chasse, les clubs privés et les garden-partys. Volontiers grégaires, ils sont aussi de grands migrateurs. A la belle saison, ils s’envolent vers la Suisse, le Luxembourg ou d’autres paradis fiscaux.» Pas de doute, Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot sont de drôles d’oiseaux. C’est avec humour et légèreté apparente que ce fameux couple de sociologues français, unis depuis un demi-siècle dans la recherche scientifique comme dans la vie privée, vient de publier ses mémoires. Notre vie chez les riches. Mémoires d’un couple de sociologues retrace les premiers moments de leurs questionnements, à la base très personnels.

«En être» ou pas

L’un est issu du milieu ouvrier des Ardennes, l’autre est la fille d’un notable de Lozère. Ils se rencontrent en 1965 à la bibliothèque de la faculté de Lille, deviennent sympathisants du Parti communiste, sans vouloir pour autant verser dans cette forme de paranoïa qu’impliquerait la lutte des classes. Tous deux s’interrogent plutôt sur la difficulté à trouver leur juste place dans la société. Une difficulté alors exacerbée par les événements de mai 1968 et les confrontations avec une France très conservatrice, portée sur les traditions et le respect sans faille pour les «grandes familles»: celles des particules, des châteaux en province et des grandes fortunes figurant dans le Bottin mondain, annuaire de la noblesse et de la grande bourgeoisie.