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Les grèves ont stimulé les troupes

Les mobilisations féministes et pour le climat donnent de l’élan à la gauche, mais bougent peu les lignes

Les récentes grèves des jeunes en faveur du climat donnent le ton de la campagne électorale.

 Sophie Dupont

Sophie Dupont

29 août 2019 à 04:01

Politique » Des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues dans le canton de Vaud depuis le début de l’année. Pour le climat d’abord, puis pour la grève féministe. Lausanne a surpris en battant des records de participation aux manifestations nationales. Pareille mobilisation citoyenne se traduit-elle sur les listes électorales de gauche pour les fédérales?

Les socialistes – comme les Verts – répètent n’avoir pas attendu les manifestations pour se préoccuper d’égalité et de climat. «Nous nous engageons depuis longtemps pour l’accueil extrafamilial, l’égalité salariale ou les droits des minorités sexuelles», relève Jessica Jaccoud, présidente du Parti socialiste vaudois (PSV) et candidate au Conseil national.

Mais les jeunesses des partis jouent leur rôle d’aiguillon. Alors que deux tiers des sièges au Conseil national sont occupés par des hommes, les Jeunes socialistes ont donné un signal en plaçant dix femmes en tête de liste. Leurs aînés sont eux attachés à la tradition: sortants en tête, suivis des locomotives. «Le zébrage a toujours permis de faire élire beaucoup de femmes», fait valoir la présidente du PSV. Même s’il y a de fortes chances que les hommes soient majoritaires pour la prochaine législature, comme c’est le cas actuellement depuis le départ de Cesla Amarelle et Rebecca Ruiz pour le Château.

Chez les socialistes, les mobilisations de rue n’ont pas eu particulièrement d’impact en matière d’adhésions, mais un effet sur le dynamisme des membres. Chez les jeunes aussi. «Les grèves ont transformé des adhésions en personnes actives, qui viennent aux assemblées générales. Surtout des femmes», se réjouit Camille Robert, porte-parole des JSV.

Les grèves du climat ont aussi dopé les adhésions chez les Jeunes Verts. Et parmi les candidats au Conseil national, plusieurs militent dans les collectifs de grève, et même dans le mouvement de lutte plus radicale Extinction Rebellion. Les Jeunes Verts portent d’ailleurs les mêmes revendications que la grève du climat, soit la neutralité carbone d’ici à 2030, et défendent des mesures nettement plus radicales que leurs aînés, comme l’interdiction des vols pour les destinations accessibles en moins de 12 heures de train. «Nous osons davantage remettre en question le système économique», avance Mathilde Marendaz, candidate et active dans les collectifs de grève pour le climat et des femmes.

Leurs aînés, eux, visent la neutralité carbone «au plus tard en 2050», soit tel que prévu par l’accord de Paris. Les mobilisations citoyennes autour des enjeux climatiques ont pour effet de les pousser à être plus ambitieux, mais pas à changer leur programme: «Nous espérons dégager des majorités plus importantes sur certains thèmes», souligne Alberto Mocchi, président des Verts et candidat.

A la gauche de la gauche, l’ampleur des manifestations de rue a aussi eu un effet stimulant. «Certaines personnes se sont engagées en même temps dans les collectifs de grève des femmes et dans notre mouvement», note Pierre Conscience, candidat au Conseil national pour Ensemble à gauche.

Position plus radicale

La coalition a pour credo de mettre en avant les personnes actives dans la société civile. «Pour nous, la politique se joue dans la rue», insiste sa camarade Franziska Meinherz. Pour la candidate au Conseil des Etats, militante dans les grèves du climat, le ras-le-bol exprimé par des milliers de jeunes et de femmes ouvre la voie à une politique plus radicale. «Nous sommes face à un mur. Les dix prochaines années seront décisives pour un changement de cap», défend-elle.

Une autre figure active de la grève du climat, Zakaria Dridi, défendra les couleurs du POP. Pour ce dernier parti, l’effet grève n’est pas significatif dans les adhésions. La campagne pour l’élection complémentaire au Conseil d’Etat lui a davantage profité.

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