Frédéric Borloz déjà sous pression
Les syndicats d’enseignants lancent une pétition exigeant un moratoire sur l’éducation numérique
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7 octobre 2022 à 04:01
Education numérique, école inclusive à 360 degrés: ces deux grands chantiers sont censés avoir coûté son poste à la conseillère d’Etat Cesla Amarelle ce printemps lors des élections cantonales. Hier, les syndicats d’enseignants ont clairement mis la pression sur celui qui a succédé à la socialiste: le PLR Frédéric Borloz. Ils ont lancé une pétition exigeant un moratoire sur l’éducation numérique, tout en faisant d’une école inclusive dotée de véritables moyens une priorité.
La réflexion sur la pétition a précédé le changement de responsable à la tête du Département de l’enseignement et de la formation (DEF), assurent ses initiants. Quel que soit finalement le véritable calendrier, le résultat est le même: les débats et les choix concernant l’école reviennent sur la table et imposeront des décisions, même si l’on se souvient que, lors de sa première conférence de presse, Frédéric Borloz s’est focalisé sur l’apprentissage et a indiqué que le rythme des chantiers de l’époque Amarelle allait baisser.
Devant la presse, les syndicats ont souligné qu’ils pouvaient travailler avec n’importe quel chef de département, que le problème n’était pas là: pour eux, il est temps d’arrêter «la fuite en avant, de presser sur le bouton Pause» dans le programme d’éducation numérique, d’autant plus que le crédit de 30 millions de francs pour la période 2019-2022 arrive à son terme et que le Grand Conseil entamera sous peu ses discussions budgétaires.
«La présente pétition exige un moratoire, soit un gel de la généralisation du projet. Nous exigeons un processus d’évaluation indépendant et démocratique mené par des enseignants ainsi que par d’autres experts (psychologues, pédiatres, éthiciens, etc.) et basé sur les expériences de terrain ainsi que sur la littérature scientifique.» Les syndicats se sont fixé jusqu’au 30 novembre pour recueillir le maximum de signatures. Ils mettent en garde: «Si les bénéfices pédagogiques devaient s’avérer inférieurs aux coûts et aux risques sociaux, sanitaires et environnementaux, nous exigerions l’abandon du projet Education numérique.»
Questions sans réponse
Les critiques contre l’éducation numérique sont nombreuses et vont dans de multiples directions. «On ne jette pas tout à la poubelle», a nuancé malgré tout Marc Gigase, du Groupe enseignement du Syndicat des services publics (SSP). A ses yeux, il faudrait surtout remettre de l’ordre dans la maison. Apprendre à des élèves à se servir des outils numériques, à rester critiques sur leurs usages, cela n’est pas remis en cause. En revanche, l’éducation par le numérique montre de plus en plus ses limites, voire ses réelles absences de plus-values pédagogiques.
«Dans le canton de Vaud, pour des raisons politiques, le numérique a été défini comme prioritaire, avec le but d’être en avance sur le reste de la Suisse romande. Mais pour quel projet pédagogique? Il y a trop de questions qui sont toujours sans réponse», a martelé Gregory Durand, président de la Société pédagogique vaudoise (SPV) en dénonçant une spirale: «faire du numérique pour faire du numérique».
Selon lui, la pandémie a clairement montré l’absence de bénéfices de la formation à distance. «Le résultat (de cette période) n’est pas probant pour le numérique.» Le virus a démontré toute l’importance du présentiel, de la relation pédagogique. «On demande beaucoup à l’école vaudoise qui n’est pas là pour former des programmeurs. A 12 ans, ils devraient savoir encoder et décoder», a-t-il déploré, affirmant que ce programme est finalement «onéreux, pas durable et sans aucun bénéfice pédagogique».
Oui à l’école inclusive
Si les syndicats d’enseignants veulent le gel de l’éducation numérique, ils ont a contrario professé hier leur enthousiasme pour l’école inclusive, que l’on croyait aussi en disgrâce. «On défend l’école inclusive, mais il ne faut pas reprendre le concept 360 degrés» cher à Cesla Amarelle, a relevé Marc Gigase en insistant sur la nécessité de la doter de vrais moyens pour bien fonctionner et d’en soulager la pesanteur bureaucratique. «L’école inclusive, c’est la priorité», a lancé Gregory Durand.
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