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Politique cantonale

Science. D’après le canton, la fin de l’expérimentation animale n’est pas pour demain

Pourquoi l’expérimentation animale est-elle toujours en vigueur dans le canton? Interpellé sur le sujet, le Conseil d’Etat estime que cette méthode ne peut, pour l’heure, pas être totalement remplacée par ses alternatives artificielles.

Les souris blanches ne sont pas près de déserter les laboratoires, d’après le Conseil d’Etat.Keystone

Victoria Martin

Victoria Martin

Aujourd’hui à 15:46, mis à jour à 16:16

Temps de lecture : 2 min

D’après le Conseil d’Etat, l’expérimentation animale reste indispensable pour la recherche scientifique. Le gouvernement a ainsi répondu aux députés Nicolas Pasquier (Les Verts, Bulle) et Christel Berset (PS, Fribourg), qui l’ont interrogé en juin dernier sur les raisons de la poursuite de cette pratique au sein de l'Université de Fribourg. Dans sa réponse, l’exécutif précise que bien que les modèles informatiques (in silico) ou le travail sur les cellules souches (in vitro) se développent, ils ne permettent pas de supplanter totalement le recours au vivant.

Ceci notamment dans des domaines clefs tels que la recherche contre le cancer, le diabète, les maladies rares et le développement de vaccins. Il précise cependant que pour recourir à l’expérimentation animale, les scientifiques doivent démontrer «que les alternatives appropriées ont été épuisées».

Il spécifie en outre que «les modèles in vitro et in silico s’améliorent constamment et que les chercheurs de l’Université de Fribourg y contribuent». Le canton rappelle par ailleurs que le programme national de recherche, l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires et l’Association des entreprises pharmaceutiques suisses œuvrent communément à réduire les contraintes qui pèsent sur les animaux.

Relative diminution

Si la baisse du nombre d’animaux utilisés est facilement mesurable dans le cadre académique (il est passé de 5’670 en 2019 à 3’909 en 2023 à l’Université de Fribourg), il en est autrement au sein du secteur privé. «Certaines entreprises réalisent des expériences à l’étranger avec pour conséquence qu’elles n’apparaissent plus dans les statistiques suisses sur l’expérimentation animale», relève le canton.

Rongeurs et primates

Le Conseil d’Etat précise que la plupart des animaux utilisés sont des souris et des rats génétiquement modifiés. Cette caractéristique implique qu’ils «ne peuvent pas être cédés à des tiers». De ce fait, les rongeurs surnuméraires concernés sont systématiquement abattus. Il en va de même pour les cobayes. «Les animaux sont généralement tués à la fin de l’expérience, car l’analyse post-mortem fait également partie de la recherche».

La méthode d’abattage la plus courante reste l’euthanasie par CO2 qui est surtout appliquée «si plusieurs sujets doivent être tués en même temps ou lorsque d’autres méthodes d’abattage altéreraient les résultats de la recherche». Un procédé douloureux, d’après Nicolas Pasquier et Christel Berset.

Selon le Conseil d’Etat, l'Université de Fribourg recourt par ailleurs à des primates qui «travaillent entre 30 et 90 minutes par jour» sauf le week-end. Ils sont utilisés dans le domaine des neurosciences et du développement de prothèses. Aucune euthanasie n’a été effectuée sur un primate non-humain «surnuméraire», précise l’exécutif en ajoutant que «l’Université de Fribourg a lancé un nouveau master interdisciplinaire en neurosciences digitales, qui devrait aider à développer des modèles cérébraux améliorés, notamment à l’aide de l’intelligence artificielle».