«Nous voulons combattre les préjugés»
Manifestation • Les musulmans du canton se sont réunis hier à Belfaux pour célébrer la fête du sacrifice. L’occasion de rassembler la communauté et de se faire connaître des autorités politiques et religieuses.
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Igor Cardellini
5 octobre 2015 à 01:56
La sollicitation n’a pas laissé ce monde indifférent, à voir la foule installée dans le vestibule. Les membres des centres albanais de Bulle, Morat et Fribourg se sont mobilisés. Sans compter les fidèles du centre turc de Fribourg, l’association Frislam, l’Association des musulmans de Fribourg ou encore l’espace Mouslima dédié aux femmes.
Des châles bigarrés aux thés spéciaux en passant par des panneaux invitant à suivre une formation au scoutisme, chacun était incité à faire son petit marché.
«C’est la première fois que l’UAMF organise une telle fête. Nous espérons contribuer au rapprochement des membres de la communauté musulmane, très diversifiée culturellement», explique Saâd Dhif, organisateur et secrétaire de l’association Frislam, créée cette année. En effet, dans la salle noire de monde, des familles d’origine albanaise, turque, érythréenne, somalienne et suisse dégustent un délicieux poulet au citron confit accompagné d’un riz aux accents de cardamome.
Un plat exotique, aussi pour Sherif Tupani, président de l’Association culturelle islamique albanaise de Fribourg. «Se regrouper n’est pas forcément évident car nous avons tendance à côtoyer ceux qui ont les mêmes origines que nous. Et la langue peut faire obstacle», déplore-t-il.
S’ouvrir aux autres
A la table des invités représentants de la commune, du canton et des Eglises catholique et réformée, on se rue sur les mignardises du Maghreb. Leila Mahou Batbout, secrétaire de l’UAMF, se réjouit de voir les représentants des associations sur scène se présenter brièvement à tous: «L’événement est aussi l’occasion de s’ouvrir au-delà de la communauté et de partager nos préoccupations.»
Comme pour le représentant de l’association MOFRI (Mosquée de Fribourg), qui profite du moment pour exposer son projet de construction de mosquée. La requête n’échappe pas à Bernard Tétard, délégué cantonal à l’intégration des migrants. «Je ne connaissais pas l’existence de cette association. D’où l’importance d’être présent sur le terrain. Cela permet de rencontrer les personnes, d’être à l’écoute et de prendre la température.»
Cohésion sociale
Le syndic de Belfaux Jean-Bernard Schenevey considère que le message transmis par les associations présentes est réjouissant. «Les musulmans réunis ici montrent une volonté de cohésion sociale, ils souffrent d’une image négative et répondent de manière constructive en essayant de désamorcer les a priori.»
«Il nous faut combattre ces préjugés. Nous pouvons être suisses et musulmans en même temps, il n’y a là aucune incompatibilité», pointe la secrétaire de l’UAMF. «Avec Frislam nous voyons une génération de jeunes qui veulent s’engager pleinement au sein de la société», souligne Montassar Ben Mrad, président de la Fédération d’organisations islamiques de Suisse, en les encourageant à continuer. Et d’ajouter que le rôle des musulmans est de construire des ponts au quotidien, ce que le canton de Fribourg fait très bien avec le Centre suisse Islam et société.
En fin d’après-midi, l’interlude de danse albanaise traditionnelle du groupe Shota d’Aarau et l’animation du clown scoubidou passés, le conseiller d’Etat Beat Vonlanthen apparaît. «Je vous remercie de votre initiative qui crée un dialogue bienvenu. Une attitude positive qui s’éloigne des visions réductrices et des amalgames qui créent une méfiance injustifiée. Les faits le démontrent, 10 000 musulmans vivent dans le canton de Fribourg aujourd’hui et il n’y a jamais eu le moindre incident notable lié à leur religion.» En guise de mot de la fin, l’élu incitera l’audience à continuer de «tordre le cou aux préjugés». I
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