Le rassemblement Street Addict a attiré un nombre record de véhicules transformés samedi à Espace Gruyère
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10 septembre 2023 à 12:40
Bulle » Vous avez dit tuning? Cet anglicisme, qui désigne l’art de transformer des véhicules, est parfois catalogué comme ringard ou dépassé. Le succès de la manifestation Street Addict, qui a attiré pas moins de 400 véhicules modifiés et des milliers de curieux samedi, sur le parking d’Espace Gruyère, semble montrer le contraire. L’affluence a en tout cas surpris les organisateurs de cette dixième édition (lire ci-dessous).
Affluence record pour les mécaniques
Le club Street Addict n’attendait pas à une telle affluence samedi. "On tablait sur une fréquentation de 250 véhicules, mais 400, c’est du jamais-vu!" explique Marc Python, membre du comité d’organisation. "Les participants sot venus de France et de nombreux cantons alémaniques." Plusieurs milliers de personnes ont rallié la manifestation, dont l’entrée était gratuite. Les organisateurs s’attendent à boucler leur budget d’environ 15 000 francs et à réaliser un bénéfice. Le comité d’organisation déplore le manque de places de parc près d’Espace Gruyère: "Beaucoup de places étaient occupées à cause de la Bénichon. Des spectateurs se sont donc garés en bordure de route et certains ont malheureusement reçu des amendes", indique Marc Python. Après le succès de cette dixième édition, Street Addict sera sans doute reconduite avec des recettes qui semblent plaire, tel le concours de la voiture la plus rabaissée. "Je ne peux pas aller plus bas sinon il y aura des étincelles sur la route", expliquait samedi Yannick Menoud, de La Joux, au volant de sa Mazda décapotable (1 m 10). Mais la Honda du Vaudois Carlos Araujo, sciée en deux dans le sens horizontal, ne lui a laissé aucune chance. "Je ne viens pas pour participer mais pour gagner", tonitruait le pilote sur fond de crissements de métal par terre.
Les véhicules exposés samedi comportaient des pièces de carrosserie transformées, des enjolivements et des décorations en tous genres. Plus ou moins discrets. Adrien Grandjean, président du club Street Addict, organisateur de la rencontre du même nom, fait toutefois observe que le tuning a évolué ces dernières années. «On a observé un changement progressif à partir de 2006. Rappelez-vous des modifications qu’on faisait autrefois sur des vieilles Golf, avec des enjolivements multicolores, des portes papillon et des ailerons démesurés… Cette époque est presque terminée», constate l’habitant de Siviriez.
L’évolution du marché automobile, l’arrivée de nouveaux modèles de sport et l’imagerie des films Fast & Furious ont selon lui modifié les goûts actuels. «Beaucoup de propriétaires investissent dans des voitures de gamme plus élevée, souvent plus chères, ce qui représente un investissement. La tendance est d’apporter aux véhicules des transformations discrètes, mais de qualité. La mode ne consiste plus du tout à acheter une Fiat Panda et investir 15 000 francs en équipements tape-à-l’œil dessus», explique l’automaticien de métier, qui travaille comme responsable d’une unité de maintenance de poids lourds.
Il est également devenu plus difficile de faire homologuer des éléments exotiques pour des automobiles, selon le spécialiste: «Les autorités ont serré la vis depuis plus de dix ans. Les propriétaires de motos, eux, ont encore un peu de liberté pour des modifications», explique le Fribourgeois de 36 ans. Quelques motos étaient présentes samedi à Bulle, certaines métamorphosées, telle cette BMW déguisée en M3. Un autre deux-roues s’avérait être une Harley-Davidson Night Road Special. Le moteur 1250 cm3 de ce modèle, qui monte à 9000 tours par minute, ne produit pas le son caractéristique d’une Harley. «Ce modèle particulier se prête bien aux modifications», fait remarquer Adrien Grandjean.
Le propriétaire de la bécane a modifié les échappements, posé le compteur sur le cache à l’avant du pilote, rajouté une boîte pour la prise d’air, abaissé le guidon et enjolivé le tout avec touches de couleur «bleu néon». «Il s’est amusé à modifier le véhicule avec des pièces Harley d’origine et d’autres qui viennent de magasins en ligne et qu’il est possible de faire homologuer», observe le président de Street Addict.
La présence de motos dans des manifestations de tuning est récente, selon Adrien Grandjean, qui s’intéresse passionnément à tout ce qui roule depuis l’achat de son premier boguet à 14 ans. «Autrefois, c’était deux mondes séparés qui ne se mélangeaient pas. Quand les rencontres Swiss Car Event se déroulaient à Palexpo dans les années 2000, on y trouvait 1200 voitures mais pas une moto. Cela tend à changer.»
La voiture a cependant conservé son titre de reine du bitume au Street Addict de Bulle, avec des attractions parfois spectaculaires. Au concours de pression sonore, le Bernois Fabian Stäger paraissait imbattable avec sa Mazda commerciale bourrée d’enceintes de basses amplifiées. Cette sonorisation roulante digne d’une discothèque fait non seulement lever les cheveux des audacieux qui osent passer leur tête dans l’habitacle, mais déclenche aussi les alarmes des voitures garées à proximité.
La moyenne d’âge du public présent à Espace Gruyère était plutôt jeune. André Pittet, d’Estavayer-le-Lac, est venu en vétéran admirer les mécaniques exposées. «Ce que j’apprécie le plus, ce sont les voitures anciennes, mais tous les véhicules qui sortent de l’ordinaire m’intéressent.» Peintre en carrosserie de formation, il se dit spécialement sensible à l’élégance des véhicules: «Certaines voitures et motos sont magnifiques. Dans d’autres cas, je dois avouer que certains propriétaires manquent de goût.» Et de remarquer que les véhicules électriques n’ont pas encore fait leur entrée dans le monde du tuning.
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