Une association exhorte le canton à faire mieux pour le climat
Les Grands-parents pour le climat proposent au Conseil d’Etat d’améliorer sa politique climatique
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7 mars 2023 à 02:01
Environnement » Le canton de Fribourg a pour objectif de réduire de 50% ses émissions directes de gaz à effet de serre d’ici à 2030. Est-il en mesure de l’atteindre à sept ans de l’échéance? La section fribourgeoise des Grands-parents pour le climat s’est posé la question. Sa réponse est claire: «Selon les conditions actuelles, non!» L’association, qui compte 120 membres sur le territoire fribourgeois, a analysé la politique climatique menée par l’Etat. Elle a rédigé un Livre blanc, un document d’une quarantaine de pages qui formule notamment des propositions au canton afin qu’il améliore sa lutte contre le dérèglement climatique.
Ses membres l’ont présenté lundi matin aux médias avant de le remettre à la Chancellerie d’Etat. Ce texte est aussi l’occasion pour les auteurs d’interpeller les autorités cantonales en leur demandant si elles estiment que les mesures actuelles permettront d’atteindre leurs objectifs. Et si elles sont prêtes à présenter au public leur raisonnement. «Ce livre est notre contribution pour que le canton puisse réaliser ses objectifs. Nous souhaitons également susciter le débat public», résume Cristina Tattarletti. La grand-mère pour le climat affirme que ce texte présente pour la première fois en Suisse le bilan citoyen d’une politique climatique cantonale.
Motion rejetée
Ce travail de réflexion a été mené à la suite du rejet du Grand Conseil, en septembre 2021, de la motion populaire lancée par l’association et le mouvement des jeunes Grève du climat Fribourg et qui demandait 500 millions de francs pour le climat. Pour dresser un état des lieux de la politique climatique cantonale, les auteurs ont analysé des documents officiels cantonaux (rapports, etc.), ont rencontré des responsables des services de l’Etat et ont fait appel à des experts, indique Laurent Thévoz, membre de l’association.
Alors que le projet de loi sur le climat a été récemment renvoyé par les députés, il rappelle que le canton a élaboré des mesures, comme le Plan climat. «A notre sens, ses initiatives ne sont pas suffisantes. La politique climatique est une combinaison d’une multitude de secteurs, elle touche autant l’aménagement du territoire, que la mobilité, les bâtiments, etc. Il manque une gouvernance multisectorielle», estime-t-il.
Afin de dresser un constat, les Grands-parents pour le climat se sont concentrés sur les trois domaines responsables de la plus grande partie des émissions de gaz à effet de serre dans le canton. Ils affirment que pour l’agriculture et l’alimentation, personne ne sait comment réduire les émissions dont le 80% provient de l’élevage. Concernant la mobilité, ils relèvent que les émissions stagnent ou diminuent «très marginalement». Pour terminer, «malgré les efforts consentis, le rythme de rénovation des bâtiments est insuffisant», note Laurent Thévoz.
Les auteurs considèrent que les deux grands absents de la politique climatique fribourgeoise sont l’adhésion de la population et la promotion de la sobriété (mesures et pratiques quotidiennes, qui visent à réduire la consommation d’énergie et de ressources naturelles). Pour permettre au Conseil d’Etat d’atteindre ses objectifs, ils dressent une liste de propositions en rappelant que l’effort doit être partagé entre tous les acteurs concernés. Ils invitent par exemple à établir une stratégie de transition vers une agriculture et une alimentation bas carbone, à réduire le transport annuel motorisé ainsi que le nombre de voitures de tourisme et de motos en circulation ou encore à accélérer les rénovations énergétiques des bâtiments.
Les Grands-parents proposent aussi la mise sur pied d’un forum climatique et la création d’un fonds climat dont le montant sera défini par les politiques. Ils s’engagent pour leur part à alimenter le débat démocratique et à poursuivre le suivi de la politique climatique. «Il est nécessaire que l’exécutif cantonal et le législatif cantonal prennent la question de l’urgence climatique à bras-le-corps», conclut Jacques Eschmann, membre de l’association.
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