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Canton

Pourquoi la charte n’a pas séduit

Une charte sur l’égalité salariale envoyée aux communes a subi un camouflet. Les élus s’expliquent

A Crésuz, les autorités communales ont signé la Charte pour l’égalité salariale dans le secteur public. Ici, l’administration communale.

 Lise-Marie Piller

Lise-Marie Piller

11 mars 2023 à 02:01

Egalité » C’est une véritable déconvenue pour Unia Fribourg. Le syndicat avait envoyé à toutes les communes fribourgeoises la Charte pour l’égalité salariale dans le secteur public, lancée par Alain Berset en 2016, en leur demandant d’y adhérer – car seules Fribourg et Villars-sur-Glâne l’avaient signé au 31 janvier de cette année. Le but était d’inciter les autorités à affirmer leur détermination à mettre en œuvre l’égalité salariale dans leur sphère d’influence.

Mais seules huit communes ont répondu positivement et signé (Bas-Intyamon, Belfaux, Crésuz, Fräschels, Grolley, Prez, Surpierre et Vallon). Onze ont refusé (Estavayer, Granges-Paccot, Lully, Marsens, Montagny, Morat, Pierrafortscha, Dirlaret, Saint-Aubin, Villaz, Vuisternens) et 105 n’ont pas donné de réponse.

Egalité déjà appliquée

La raison la plus couramment évoquée par les communes ayant refusé de signer la charte, comme Bulle, Lully ou Marsens, est que l’égalité salariale y est déjà pratiquée. De plus, de nombreuses communes appliquent l’échelle des traitements de l’Etat de Fribourg par analogie. Et comme le canton a signé la charte, les exécutifs ne voient pas de raison d’adhérer.

Pas de quoi convaincre Yolande Peisl: «Ces communes éludent toute la partie de leur champ d’influence. Elles peuvent travailler sur les aspects salariaux et égalitaires auprès des mandataires, lorsqu’elles font des appels d’offres publics ou attribuent des subventions. Elles peuvent aussi inciter des associations publiques ou parapubliques à rejoindre la charte.»

Reste que Villorsonnens, par exemple, estime que sa voix ne pèsera pas bien lourd et n’a pas rendu réponse. «Nous sommes une petite commune de 1500 habitants. Nous nous sommes donc sentis très peu concernés et dans tous les cas, l’égalité salariale est une évidence», indique le syndic Patrick Mayor. Bulle n’a pas réagi non plus par rapport à la charte mais ne compte pas signer, selon le syndic Jacques Morand: «Il faut arrêter de se concentrer sur des documents, mais agir par les actes.» Le syndic de Lully, Gérard Brodard, dont la commune n’a pas signé, indique que le Conseil communal ne s’implique pas politiquement dans ce domaine-là. Et d’ajouter: «D’un point de vue personnel, j’appréhendais aussi qu’Unia instrumentalise tout cela.»

Marsens n’a pas jugé utile de signer la charte, car le Conseil communal considère que le cadre légal est suffisant. «Je suis convaincue qu’il est possible d’en faire plus, mais j’estime aussi qu’il n’est pas nécessaire de signer un document pour cela. Les choses doivent se faire naturellement, en fonction du contexte, de manière pragmatique et logique», précise la syndique Myriam Fragnière Dufour.

Yolande Peisl rappelle que la charte est une démarche de la Confédération: «Je ne vois pas en quoi cela permettrait à un syndicat d’instrumentaliser une commune.» Tout en assurant que même les petites communes peuvent faire avancer la cause à leur niveau.

«Droit dans ses bottes»

Dans d’autres communes, telles que Châtonnaye, la question est en attente en raison d’autres dossiers prioritaires, selon le syndic Bernard Sansonnens. De son côté, l’Exécutif d’Estavayer veut être «droit dans ses bottes», comme l’explique le syndic Eric Chassot, précisant qu’un projet est en cours pour améliorer l’égalité salariale: «Pour un même poste, un homme et une femme sont payés de la même manière, mais si nous effectuons une analyse globale, les postes à tendance féminine sont plutôt moins bien rétribués que les postes à tendance masculine.»

Dans le camp de ceux qui ont signé la charte, le syndic de Crésuz, Philippe Baeriswyl, déplore: «C’est un peu dramatique que, de nos jours, il faille établir des chartes pour que l’équité salariale soit enfin respectée.» Concernant le champ d’influence, l’élu assure que l’exécutif va œuvrer dans ce sens quand il en aura la possibilité. Une résolution partagée par David Bonny, syndic de Prez, également signataire. Philippe Baeriswyl considère cependant que cette adhésion n’apporte pas grand-chose à la commune: «C’est uniquement la preuve qu’il y a une égalité salariale entre hommes et femmes au sein du personnel communal.»

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