«Nous devons revaloriser ce métier»
Raphaëlle Giossi et Claire Spring sont les nouvelles présidentes de la société pédagogique cantonale
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Nicolas Maradan
21 septembre 2021 à 21:02
Enseignement » Changement à la tête de la Société pédagogique fribourgeoise francophone (SPFF). Après douze ans en poste, Gaétan Emonet passe le relais à Raphaëlle Giossi, enseignante à Fribourg, et Claire Spring, enseignante à Corserey. Interview des nouvelles coprésidentes.
Comment se passe cette rentrée scolaire placée sous le signe du Covid-19?
Claire Spring: Nous avions deux sentiments. Tout d’abord, nous étions contentes de pouvoir à nouveau enseigner sans masque. Mais nous redoutions une explosion du nombre de cas dans les écoles. Aujourd’hui, nous voyons que les choses se passent plutôt bien.
Raphaëlle Giossi: Ce que nous voulons éviter, ce sont les fermetures de classes, car c’est une décision lourde de conséquences, autant pour les élèves que pour leurs parents. C’est pour cela que nous espérons que l’Etat sera vigilant et réactif par rapport à l’évolution de la situation sanitaire.
Différents facteurs, dont la récente réforme des retraites, font craindre une pénurie d’enseignants dans le canton de Fribourg. Constatez-vous déjà un manque sur le terrain?
CS: Nous voyons par exemple qu’il est plus difficile de trouver des remplaçants, surtout pour une longue durée.
RG: La Direction de l’instruction publique, de la culture et du sport s’attendait à ce que la révision de la caisse de pension de l’Etat engendre davantage de départs en retraite anticipée. Néanmoins, le problème de la pénurie d’enseignants existait déjà avant cette réforme. C’est pourquoi nous devons absolument revaloriser ce métier.
Une revalorisation au niveau salarial notamment?
RG: Nous souhaiterions effectivement de meilleures conditions salariales à l’école primaire, car il y a actuellement un grand écart entre la rémunération des enseignants primaires et celle des enseignants de l’école secondaire, voire du collège.
CS: Il s’agit aussi de revaloriser les conditions de travail. Il faut par exemple rediscuter des tâches administratives, qui représentent une grosse charge de travail. Et il faut également revoir les effectifs à la baisse. Il y a trop de classes surpeuplées, de classes à deux degrés ou encore de classes accueillant de plus en plus d’enfants avec des difficultés scolaires ou des problèmes de comportement. J’enseigne depuis vingt ans, et je constate que la charge de travail est de plus en plus importante.
RG: Parfois, les jeunes enseignants ont même peur de prendre directement une classe à 100%. Notre société a évolué, et l’école doit s’adapter. Avant, les élèves n’avaient pas des besoins aussi variés.
Récemment, deux députés UDC, Bernard Bapst et Gabriel Kolly, s’inquiétaient d’un manque d’appui pour les enseignants face à la hausse du nombre d’élèves avec des besoins éducatifs particuliers intégrés à l’école ordinaire. Partagez-vous ce souci?
CS: Etre intégrés à l’école ordinaire est une très bonne chose pour ces enfants, du moins pour une partie d’entre eux. Mais le résultat, c’est que nous avons souvent moins de temps à consacrer aux autres enfants, qu’il ne faut pas négliger non plus.
RG: A l’époque, le concept d’intégration visait à faire participer un élève avec des besoins particuliers à la classe ordinaire quelques heures par semaine, et cela avec l’aide d’une enseignante spécialisée. Aujourd’hui, il y a une volonté d’avoir une école plus inclusive, avec des enfants présents à 100% en classe ordinaire.
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