«On met le paquet». Les bonnes résolutions et le froid font le bonheur des salles de sport
La remise en forme tient une place de choix parmi les bonnes résolutions. Pour les salles de sport du canton, cela représente une importante opportunité financière, qui peut s’avérer déterminante pour le reste de l’année. Dans les magasins spécialisés, le constat est plus nuancé.
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Aujourd’hui à 12:00
En hiver le nombre d’adhérents augmente généralement dans les salles de sport. A cause du froid mais aussi des «bonnes résolutions». Des tendances sur lesquelles les propriétaires savent capitaliser. Pour certaines structures, les recettes de cette période déterminent si l’année comptable sera bonne. Les futurs membres se voient proposer différents rabais sur des abonnements qu’ils n’amortiront peut-être jamais. Les répercussions ne se font cependant pas ressentir dans les magasins de sport spécialisés, qui observent des tendances plus générales.
Les clients de janvier
Le froid et les bonnes résolutions, c’est le cocktail gagnant pour les salles de sport en hiver. Si la baisse des températures contraint certains sportifs expérimentés à poursuivre leur entraînement à l’intérieur, un effet nouvelle année se fait ressentir.
Pour Daniel Filiberti, propriétaire du fitness Fitline à Fribourg, janvier est une période clé: «On fait environ 50% de ventes en plus que la moyenne des autres mois», explique-t-il. Chaque début d’année, une nouvelle clientèle passe sa porte. «C’est dû aux bonnes résolutions mais aussi parce qu’il fait froid dehors.» Les aspirants sportifs n’ont cependant pas froid aux yeux, et achètent généralement une offre annuelle.
«Les abonnements de trois mois se vendent plutôt au printemps, en prévision de la plage en été», relève le propriétaire. Même constat au CrossFit WD Rivers à Marly: «Si je compare les ventes de janvier avec celles de décembre, on est à 70% de plus, et le mois n’est pas encore terminé.» Son propriétaire Maximilien Da Costa compte beaucoup sur les inscriptions des néophytes: «On met le paquet sur la communication, on sait que si on fait un bon mois de janvier, l’année se passera bien.» Selon lui, l’effet nouvelle année est sans appel. Reste ensuite à retenir ces nouveaux arrivants.
- 20%
- des nouveaux membres ne retournent plus à la salle après 2 ou 3 mois
Daniel Filiberti sait bien que cette course vers «une nouvelle version de soi-même» commence à s’essouffler après deux ou trois mois, puisque près de 20% des nouveaux venus rangent alors leurs baskets au placard. Au CrossFit WD Rivers, les sportifs de janvier optent eux principalement pour des abonnements de courte durée. Maximilien Da Costa s’efforce de garder les adhérents de début d’année. «On est pas mal derrière eux et si on voit que la motivation baisse, on essaie de leur redonner l’envie. Après quelques mois, sur un groupe de 20 nouveaux, 15 persévèrent.»
Et comment se passe la cohabitation, parfois éphémère, avec des sportifs plus aguerris? «Les fidèles sont habitués à ce petit rush de janvier et très peu de clients bonnes résolutions reviennent chaque année», observe Daniel Filiberti. Plus généralement, le sport gagne-t-il tous les terrains en janvier?
Pas de ruée vers les magasins
Dans les magasins spécialisés de la région, l’effet bonnes résolutions n’a pas de répercussions. L’attrait grandissant pour des sports pratiqués en extérieur, comme la course à pied ou le ski de fond, se ressent tout au long de l’hiver. David Girardet, coureur émérite et propriétaire de l’enseigne Trilogie Sports à Belfaux, observe un engouement croissant pour la course à pied, qui ne se limite pas à janvier.
«L’année dernière, de plus en plus de personnes ont commencé à courir. Les épreuves populaires sont parfois dépassées par leur succès.» Un effet de mode qui aurait commencé, selon lui, durant la pandémie de Covid-19, avant de gagner les 15-25 ans. «Courir est devenu plus fun, notamment avec l’arrivée d’applications comme Strava.»
Cet hiver, David Girardet s’étonne du nombre de personnes qui s’entraînent dans le froid. «C’est un peu inhabituel, généralement les coureurs sortent plutôt leurs baskets en mars.» Cependant, les ventes de chaussures de course ne sont pas plus importantes en janvier que le reste de l’année. «Les gens commencent peut-être à s’entraîner avec un équipement qu’ils ont déjà, avant d’investir dans du matériel spécialisé», suppose-t-il.
Chez Castella Sports à Bulle, on constate une légère augmentation des ventes de baskets de course, mais c’est surtout la location de skis de fond, en vue d’une initiation, qui fait fureur. «Les clients finissent généralement par acquérir leur propre matériel», observe Didier Castella, propriétaire des enseignes. Néanmoins, selon ce dernier, les bonnes résolutions ne sont pas forcément à l’origine de cet engouement: «La météo détermine davantage la consommation que la nouvelle année.»
Trois questions à Ophélie Thénot, psychologue du sport à Saint-Aubin
Pourquoi continue-t-on à prendre des bonnes résolutions chaque année?
Se fixer des bonnes résolutions répond à un besoin fondamental, celui de se sentir mieux dans sa vie. Le changement d’année est un repère temporel qui nous offre l’occasion de cultiver l’espoir, l’ambition et le renouveau. Cette période est propice à un bilan personnel, un moment où l’on réfléchit à ce que l’année écoulée nous a apporté. Le début de l’année devient alors l’opportunité parfaite pour adopter des changements basés sur ce bilan.
Pourquoi le sport tient-il une place si importante parmi les bonnes résolutions?
Les bonnes résolutions visent généralement à améliorer notre bien-être, et le sport est perçu comme un levier clé pour y parvenir, tant sur le plan physique que mental. L’activité physique est par ailleurs largement promue à travers les médias, les campagnes de sensibilisation et les réseaux sociaux.
Les bienfaits du sport sont multiples. Sur le plan physique, il renforce le système cardiovasculaire, améliore la force musculaire et favorise une meilleure santé générale. Psychologiquement, l’activité physique régulière réduit le stress et l’anxiété, améliore l’humeur, augmente l’estime de soi et favorise une meilleure qualité de sommeil. Lorsque l’on se sent bien dans son corps, la confiance en soi s’en trouve également renforcée.
Un des atouts majeurs du sport réside dans sa simplicité: il n’est jamais trop tard pour commencer, et même une activité modérée peut avoir des effets visibles rapidement. Cela en fait une résolution gratifiante, motivante et accessible à tous.
Comment éviter d’abandonner sa nouvelle pratique sportive après quelques mois?
Pour maintenir une pratique sportive sur le long terme, le choix de l’activité est essentiel. Si le sport est associé à un moment agréable, il devient plus facile à intégrer au quotidien. Bloquer des créneaux précis dans votre agenda facilite l’établissement d’une routine, un élément clé pour continuer. Les ambitions doivent être adaptées à sa condition physique. Il est primordial de se fixer des objectifs réalistes sur le court, moyen et long terme. Commencer doucement permet d’éviter la frustration et de conserver sa motivation.
Le lien social joue aussi un rôle déterminant. S’entourer de personnes qui partagent la même activité peut aider à rester motivé. Participer à un cours collectif ou à des sorties sportives en groupe renforce le sentiment d’appartenance, un facteur essentiel pour notre bien-être psychologique.
Enfin, noter ses progrès peut être un excellent moyen de maintenir le cap. Tenir un journal pour suivre ses performances et constater ses améliorations au fil du temps peut être une option. Le plaisir reste le moteur principal, il est important de se récompenser à chaque étape franchie. Si vous aimez ce que vous faites, vous aurez envie de continuer.