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Canton

La sélection des médecins discutée

D’après un expert, le test d’entrée pour les études de médecine favoriserait les germanophones

Covid-19. La situation reste tendue à l'Hôpital fribourgeois (HFR), qui craint une troisième vague en janvier. Reportage au coeur des soins intensifs de l'HFR Fribourg. Photo Lib / Charles Ellena, Fribourg, 04.11.2020CHARLES ELLENA

Nicolas Maradan

Nicolas Maradan

25 février 2021 à 21:54

Temps de lecture : 1 min

Santé » Fribourg manque de docteurs à son chevet. Ainsi, selon les chiffres de la Fédération des médecins suisses (FMH), il y avait 359 habitants par praticien dans le canton de Fribourg en 2018, tant dans les secteurs ambulatoire qu’hospitalier, contre 228 à l’échelle nationale. Comment expliquer cette pénurie? D’après un expert, le problème pourrait notamment venir de la formation. Ou, plus précisément, des conditions d’accès aux études de médecine. Il faut savoir qu’en Suisse, différents systèmes cohabitent. A Genève, par exemple, un concours marque le passage de la première à la deuxième année d’étude. L’Université de Fribourg, comme celles de Bâle ou encore de Zurich, a opté pour un numerus clausus initial.


Les candidats doivent donc se soumettre à un test d’aptitude (dit AMS) déterminant s’ils peuvent, oui ou non, intégrer le cursus. «Ce test se base sur le numerus clausus allemand instauré dès 1986. Il a été introduit en Suisse en 1998. Et depuis lors, il n’a que peu évolué. Il s’agit essentiellement d’un test psychologique, tournant également autour de quelques notions scientifiques de base», explique le prof. Stéphane Cook, médecin-chef du Service de cardiologie de l’Hôpital fribourgeois (HFR) et membre du comité scientifique du test d’aptitude AMS de Swissuniversities (organisation faîtière des hautes écoles suisses).

Or, d’après lui, ce test pénaliserait les francophones par rapport aux Alémaniques. «L’année passée, les scores des francophones ont été inférieurs de près de 24% à ceux des germanophones. C’est encore plus marqué chez les femmes», observe-t-il. Pourquoi? «A la base, ce test a été élaboré pour sélectionner des étudiants allemands. Toutefois, ce n’est pas un problème de traduction. Mais la pensée est structurée différemment selon la langue. Cela peut être une explication», note Stéphane Cook.

Des cours privés

Il poursuit: «Mais le principal problème, c’est que les Alémaniques, contrairement aux Romands, ont accès à des cours préparatoires, organisés dans les régions de Zurich et de Bâle, et souvent commercialisés par des firmes allemandes, qui permettent aux aspirants de s’entraîner de manière intensive avec des questions relativement proches de celles qui seront posées à l’examen.» Cette différence est un non-sens aux yeux de Stéphane Cook. Car cette inégalité ne ferait pas du tout les affaires du canton de Fribourg. «Si nous avons besoin d’un médecin généraliste dans l’Intyamon ou dans le Vully, ce n’est pas en formant un Argovien que nous y parviendrons», résume le cardiologue.

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