Etude de l’Université de Fribourg. La langue des asticots a un superpouvoir
Grâce à leurs cellules gustatives, les larves de mouches drosophiles peuvent non seulement goûter les aliments, mais aussi en apprécier la consistance. Elle doit être ni trop dure ni trop molle, selon une étude de l’Université de Fribourg.
Partager
ATS
Aujourd’hui à 11:28, mis à jour à 11:34
De nombreuses recherches sur la perception des aliments se concentrent sur les saveurs, le sucré ou le salé par exemple. Cependant, les préférences alimentaires dépendent souvent aussi de la texture: certains aiment le goût des champignons, par exemple, mais pas la sensation caoutchouteuse lorsqu’on les mâche, a indiqué vendredi l’UNIFR dans un communiqué.
Alors que les arômes nécessitent une perception chimique, les textures requièrent une perception mécanique. Or, jusqu’à présent, on ne savait pas si les organes du goût comme la langue avaient la capacité de saisir les deux. La présente étude s’est précisément penchée sur cette question en utilisant des larves de drosophiles - communément appelées asticots - en raison de la simplicité de leur système nerveux et de la disponibilité de nombreux outils génétiques.
Fruits mûrs
Les scientifiques emmenés par Simon G. Sprecher et Nikita Komarov ont constaté que les asticots ne mangent ni la nourriture trop dure ni la nourriture trop molle, mais ne consomment que celle qui est à point. Autrement dit quand les fruits sont déjà pourris depuis quelques jours.
Partant du principe que cette capacité à percevoir la structure se trouve dans les organes périphériques, c’est-à-dire dans les bourgeons gustatifs de la langue, les scientifiques ont désactivé de manière ciblée certains neurones à l’origine de cette perception. Résultat: les asticots sont devenus insensibles à la texture de la nourriture et ont essayé de manger des aliments plus mous ou plus durs qu’ils auraient normalement évités.
Un gène spécifique
D’autres expériences ont montré que le gène du mécanorécepteur dit «painless» était nécessaire à cette sensibilité. Les auteurs ont également découvert qu’une cellule nerveuse spécifique - appelée C6 - située dans l’organe du goût de la larve perçoit aussi bien les stimuli chimiques, comme le sucre, que les stimuli mécaniques, comme la dureté d’une pomme. Cette cellule nerveuse peut donc reconnaître les informations chimiques et mécaniques.
Selon le Pr Sprecher, il n’a pas encore été possible de déterminer si les bourgeons gustatifs disposent des mêmes capacités chez l’humain. Le biologiste, cité dans le communiqué, se dit convaincu qu’une recherche plus approfondie serait intéressante.