Des travaux validés avec «naïveté»
L’élu bullois Patrice Morand a reconnu ses erreurs dans les travaux illégaux de la Laiterie moderne
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29 mai 2019 à 01:39
Bulle » «Travaux validés avec naïveté par le comité et le secrétaire», regrets, mais «aucun profit personnel» ou «aucune volonté de cacher quelque chose pour être hors la loi». Lundi soir, lors du Conseil général de la ville de Bulle, le conseiller communal Patrice Morand s’est exprimé pour la première fois en public sur l’affaire des travaux illégaux entrepris sur le bâtiment de la Laiterie moderne à Bulle il y a près de six mois. Une période où l’élu et ancien député est resté silencieux.
Face aux questions de la conseillère générale PDC Thérèse Anatrà-Luchinger posées en décembre dernier, le conseiller communal indépendant – et ancien PDC – a fait son mea culpa. «Selon l’adage, on est toujours plus malin après qu’avant. Certaines erreurs permettent de s’améliorer», a-t-il soufflé. Avant de regretter «vivement qu’une demande en bonne et due forme n’a pas été déposée auprès des services communaux» pour la réalisation des rénovations à la laiterie. «C’est avec naïveté que les membres du comité et le secrétaire (lui-même donc, ndlr) ont validé ces travaux.»
Rappel des faits
Pour rappel, la Préfecture de la Gruyère a stoppé un ouvrage entamé sans permis dans le bâtiment de la Laiterie moderne, propriété de la Société coopérative des producteurs de lait de Bulle et environs dont Patrice Morand était jusqu’à récemment le secrétaire. Il a en effet démissionné à la mi-mai après un vote de défiance de l’assemblée générale de la société. Un arrêt abrupt des travaux, relayé par la presse, qui avait poussé le groupe PDC/PVL à interroger le Conseil communal à ce propos.
Thérèse Anatrà-Luchinger avait en effet mis en doute le travail de l’administration bulloise dans une affaire qui, pour elle, «jette le discrédit sur l’ensemble de la gouvernance communale». «Ce n’est pas tant la légalité ou le choc qui nous intéressent dans cette affaire mais la moralité», avait-elle lancé.
Jugeant l’intervention de son ancienne collègue de parti «surprenante», «peu courtoise» ou encore emplie de «fausses allégations», Patrice Morand a assuré qu’«aucun élément intérieur n’a été ou n’aurait pu être abîmé ou détruit» avec les travaux entrepris sans permis.
Le parfum de soupçon qui entourait les interrogations du centre-droit a aussi fait bondir le Conseil communal par la voix du syndic Jacques Morand. Ce dernier a défendu avec conviction l’administration de la ville. «Nos services n’ont pas du tout toléré quoi que ce soit dans cette affaire, car nous n’avons jamais reçu de dossier de mise à l’enquête», a-t-il martelé.
A l’adresse de l’élue PDC, il a enchaîné: «D’autres de vos questions mettent en doute le fonctionnement du service. Mais rien ne permet de le remettre en cause. Il faut simplement le solliciter.»
Jacques Morand s’est aussi prononcé sur la demande du groupe PDC/PVL d’engager une réflexion de fond sur l’organisation du service. «Je crois également qu’il n’est pas nécessaire d’engager une telle réflexion. Le service fonctionne bien. Il travaille avec sérieux et a la confiance de l’exécutif», a-t-il encore fermement répété.
«Il devrait connaître»
Et le syndic de tourner son regard vers la société de laiterie. «Pourquoi le propriétaire n’a-t-il pas fait de demande officielle? Là est la question. A la tête du comité de la société coopérative propriétaire, il y a un conseiller communal d’une commune proche de Bulle (Jean-Noël Gobet, de Vuadens, ndlr). Il devrait connaître les procédures pour qu’elles puissent se dérouler normalement. Pourquoi n’a-t-il pas fait de demande officielle? Personnellement, je ne lui ai pas demandé.»
Invitée à prendre la parole, Thérèse Anatrà-Luchinger n’en a pas démordu. «Cette affaire a mis en lumière un certain manque de prudence du politique et certainement une mauvaise interprétation des règlements. Un flou qui a permis des agissements contraires à la loi mais aussi peu moraux.»
Suite et fin donc pour cette affaire. L’occasion pour Patrice Morand d’assurer que «la demande préalable (pour les travaux à la laiterie, ndlr) a été préavisée favorablement par les services de l’Etat».
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