Justice. Pédocriminel de 74 ans condamné à l'internement à Lucerne
Un Lucernois de 74 ans écope de neuf ans de prison et d'un internement pour avoir abusé sexuellement de garçons slovaques qu'il a fait venir chez lui en Suisse. La justice le reconnait coupable de traite d'enfants, d'actes sexuels avec des enfants et de pornographie.
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ATS
4 décembre 2024 à 17:50, mis à jour à 18:16
Dans son jugement rendu mercredi, la Cour criminelle de Lucerne a largement suivi le réquisitoire du procureur. Ce dernier réclamait douze ans de prison et un internement simple contre le prévenu, alors que la défense demandait que la peine n'excède pas quatre ans et demi de réclusion, sans internement, et qu'elle soit assortie d'une thérapie chimique inhibant les hormones sexuelles masculines.
Séjours d'une à trois semaines
Les faits remontent aux années 2015 à 2022. Selon l'acte d'accusation, le prévenu a versé de l'argent à une famille en Slovaquie afin qu'elle lui envoie quatre enfants et adolescents, dont trois frères, pour abuser d'eux sexuellement lors de séjours d'une à trois semaines. Il a enregistré les abus en vidéo et a incité les quatre autres frères restés en Slovaquie à des actes sexuels par vidéoconférence.
Victime, lui-même, d'abus sexuels dans son enfance, le retraité lucernois a réalisé ainsi plus de 200 enregistrements vidéo montrant les actes sexuels - masturbations et fellations - commis sur les garçons, par les garçons sur lui ou entre eux. Lors des premiers abus, les plus jeunes avaient moins de 12 ans, selon l'acte d'accusation.
Le Lucernois a "commandé" les garçons chez lui à travers la messagerie de Facebook en passant par des "intermédiaires", selon le procureur. Ces derniers ont amené les enfants et les ados chez lui depuis la Slovaquie. Pour cette raison, le prévenu n'est pas seulement reconnu coupable d'actes d'ordre sexuel avec des enfants et de pornographie, mais aussi de traite d'êtres humains mineurs.
Déjà condamné en 2006
Récidiviste, l'accusé avait déjà été condamné en 2006 pour des abus sexuels sur deux garçons. Il a suivi une thérapie durant dix ans. Selon un expert psychiatrique, cette mesure n'a pas été appliquée correctement, car les traits de personnalité du principal intéressé étaient bien plus accentués que son thérapeute ne l'avait diagnostiqué.
D'après l'expert du tribunal, le risque de nouvelle récidive du septuagénaire est élevé. L'expertise fait état d'une pédophilie orientée sur les garçons et d'un soupçon de troubles de la personnalité antisociale et narcissique. Le spécialiste a dû se baser sur le dossier de l'affaire, l'accusé ayant refusé de répondre à ses questions.
Aveux partiels
Durant le procès qui s'est tenu mardi, le prévenu a admis une partie des abus sexuels et avoir produit du matériel pornographique illégal mettant en scène les garçons. L'accusé a qualifié ces images de "souvenirs" de leurs visites chez lui.
La défense a contesté, en revanche, les accusations de traite de mineurs, l'accusé n'ayant pas gagné d'argent en exploitant les garçons. Le jugement n'est pas encore entré en force. Les parties ont 30 jours pour faire appel.