Jacques Aeby, Lossy
29 février 2024 à 17:25
Faisant écho à l’excellente chronique en dernière page de M. Aebischer (le 15 février dernier) consacrée aux simulacres carnés, je me permets d’apporter un complément à cette description d’un des aspects du délire alimentaire contemporain. Ainsi les bienfaiteurs de l’alimentation industrielle ont eu récemment le cynisme d’inventer le prodigieux Nutri-Score, nouvelle crétinerie infantilisante, humiliante et de surcroît succincte et inexacte que Bruxelles d’ailleurs s’apprête à imposer à l’Union européenne entière.
Anerie censée orienter le consommateur vers une alimentation saine tout en distribuant des «notes» à un produit: bien, pas bien, mauvais, très mauvais! Vrai langage de dresseur de chiens. Or, n’est-ce pas là le dessein caché et, au final, un dressage par la crainte et l’infantilisation d’un peuple de demeurés? Culpabilisation du consommateur et de surcroît opprobre jeté sur des produits d’une immense qualité.
Ainsi voit-on un Vacherin fribourgeois AOP assimilé à une bombe maléfique. Il serait temps (sans doute trop tard) d’introduire dans les écoles les «sciences de gueule»: ainsi désignait Montaigne la culture des sens, l’éducation aux goûts et parfums, la connaissance des vertus des aliments et la manière de les apprêter. Il est certainement plus important aujourd’hui d’apprendre à un enfant comment transformer dans les plus brefs délais une thune en un billet de vingt francs!
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