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Uruguay. L’opposant de gauche remporte la présidentielle

Le candidat de l’opposition de gauche à la présidentielle uruguayenne, Yamandu Orsi, a remporté dimanche le second tour de l’élection. Cette victoire marque le retour au pouvoir de la gauche de l’emblématique ex-président José Mujica.

La victoire d’Yamandu Orsi n’augure aucun signe de changement de direction, le candidat de la gauche ayant promis «un changement sûr qui ne sera pas radical».KEYSTONE/AP/Natacha Pisarenko

ATS
AFP

ATS et AFP

Aujourd’hui à 02:21, mis à jour à 10:58

Temps de lecture : 3 min

Sur 94,4% des bulletins de vote dépouillés, M. Orsi a obtenu 1’123’420 voix contre 1’042’001 pour son adversaire de centre droit Alvaro Delgado, selon les résultats officiels communiqués par la cour électorale.

«Je serai le président qui appellera encore et encore au dialogue national pour trouver les meilleures solutions, bien sûr, en suivant notre vision, mais aussi en écoutant très attentivement ce que les autres nous disent», a réagi lors d’un discours face à ses partisans le président élu, un ex-professeur d’histoire issu de la coalition de gauche Frente Amplio.

M. Delgado, ancien vétérinaire issu pour sa part du même parti national de droite que le président sortant Luis Lacalle Pou, a concédé sa défaite dimanche soir. «Aujourd’hui, le peuple uruguayen a choisi [celui] qui occupera la présidence de la République», a déclaré M. Delgado, disant «saluer» M. Orsi au nom de «tous les acteurs de la coalition» gouvernementale qui l’ont soutenu.

Pas de changement à attendre

Yamandu Orsi avait fini largement en tête du premier tour le 27 octobre avec 43,9% des voix, devant M. Delgado (26,8%), qui disposait cependant du réservoir de voix d’Andres Ojeda, du parti Colorado (centre droit), arrivé en troisième position (16%).

La victoire de M. Orsi n’augure toutefois aucun signe de changement de direction, le président élu ayant promis, lorsqu’il était encore candidat, «un changement sûr qui ne sera pas radical».

Pendant la campagne, MM. Orsi et Delgado ont insisté sur la relance de la croissance et la réduction du déficit budgétaire. Ils se sont engagés à ne pas augmenter la pression fiscale et ont promis de lutter contre la criminalité liée au trafic de drogue en augmentation.

M. Orsi souhaite développer des échanges à l’échelle régionale, quand M. Delgado penchait vers des accords multilatéraux.

Emploi et sécurité

«Je tiens à féliciter […] le président élu Yamandu Orsi, le Frente Amplio et mon ami Pepe Mujica pour leur victoire aux élections d’aujourd’hui», a réagi sur le réseau social X le président du Brésil voisin, Luiz Inacio Lula da Silva. «C’est une victoire pour toute l’Amérique latine et les Caraïbes», a-t-il relevé.

Si l’Uruguay affiche un revenu par tête élevé, ainsi que de moindres niveaux de pauvreté et d’inégalités par rapport au reste de l’Amérique du Sud, l’emploi et la sécurité ont été placés au centre des préoccupations des 3,4 millions d’habitants du pays aux 12 millions de têtes de bétail.

«Pour les salariés, ces cinq dernières années n’ont pas été bonnes du tout. Je suis dans la rue toute la journée et ce qui m’inquiète le plus, c’est l’insécurité», confie Gustavo Maya, un vendeur de bonbonnes de gaz de 34 ans, électeur de M. Orsi. «Je vois beaucoup de vols, de plus en plus d’homicides et peu de policiers», dit-il.

Jeunes et indécis

La gauche a misé sur sa figure tutélaire, José «Pepe» Mujica, l’ancien président (2010-2015) et ex-guérillero torturé et emprisonné sous la dictature (1973-1985), pour revenir au pouvoir après les années Tabaré Vazquez (2005-2010, puis 2015-2020) qui avaient mis fin à l’hégémonie de droite et de centre droit.

Malgré ses 89 ans, son combat contre le cancer et des difficultés à se déplacer, M. Mujica a multiplié les apparitions et réunions de campagne pour attirer le vote des jeunes et indécis qui semblaient détenir la clé du scrutin.

Le président sortant Luis Lacalle Pou, au pouvoir depuis 2020, n’a pu se représenter malgré une cote de popularité de 50%, car la constitution interdit de briguer un second mandat consécutif.

Il a promis une transition «ordonnée» dans le pays le plus stable d’Amérique latine, avec des partis à la longue histoire, aux identités claires malgré leurs unions dans des coalitions et dont l’appartenance se transmet à l’intérieur même des familles.

Des élections générales concomitantes du 1er tour ont vu le Frente Amplio remporter 16 des 30 sièges du Sénat et 48 des 99 sièges de la chambre des députés.