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Italie. «La mafia veut acheter l'Etat»

Malgré l’arrestation d’un parrain de Cosa Nostra, la mafia a encore de l’avenir, selon Alfonso Sabella, ex-substitut du procureur du pool anti-mafia de Palerme.

Le journaliste s’est spécialisé dans les agro-mafias italiennes qui inondent en fruits et légumes les tables de toute l’Europe.

Ariel Dumont, Rome

Ariel Dumont, Rome

1 février 2023 à 11:56

Temps de lecture : 1 min

Italie » Après l’arrestation de Matteo Messina Denaro il y a une semaine, d’autres mafieux sont toujours en cavale. Décryptage de l’avenir de Cosa Nostra avec Alfonso Sabella, magistrat, ex-substitut du procureur du pool anti-mafia de Palerme, en Sicile, et auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet.

Les quatre mafieux toujours recherchés jouent-ils un rôle important dans l’organisation de Cosa Nostra?
Alfonso Sabella: Un seul fugitif fait partie de Cosa Nostra: Giovanni Motisi qui est en cavale depuis 1998. Il n’a joué aucun rôle dans les grands attentats des années 1990, mais il fait probablement déjà partie de la structure organisationnelle de Cosa Nostra.

Giovani Motisi va-t-il remplacer Matteo Messina Denaro et reconstituer l’organisation?
Cette arrestation ne change rien à l’existence de la mafia qui perdure. Elle doit combler le vide et trouver un nouveau chef pour la province de Trapani (Sicile) afin de remplacer Messina Denaro. Mais c’est probablement déjà fait car la mafia sicilienne a toujours démontré qu’elle sait métaboliser les arrestations et qu’elle peut survivre. Les opérations coups de poing orchestrées par les forces de l’ordre durant toutes ces dernières années ont affaibli cette organisation. Mais elle n’a pas disparu et elle a des réserves en termes de remplaçants comme les équipes de football.

Quelle est la priorité de Cosa Nostra?
L’important pour elle est de conserver le pouvoir sur son territoire. Depuis toujours, la mafia intimide la population locale pour l’assujettir et l’obliger à respecter la loi de «l’omertà», du silence. C’est ce qui s’est passé par exemple à Campobello di Mazara, la petite commune de 12’000 habitants où se cachait Matteo Messina Denaro. Les gens qui le connaissaient ne l’ont pas dénoncé, non pas parce qu’ils étaient affiliés à la mafia sicilienne mais tout simplement pour éviter des représailles.

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