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Proche-Orient. Nouvelles frappes israéliennes au Liban

Israël a mené mardi de nouvelles frappes contre des cibles du Hezbollah au Liban, après les bombardements de la veille qui ont fait plus de 550 morts (dont 50 enfants). Ces nouveaux tirs font redouter un embrasement de la région.

La plaine de la Bekaa est la cible des frappes de Tsahal.KEYSTONE/EPA/WAEL HAMZEH

ATS
AFP

ATS et AFP

Aujourd’hui à 11:01, mis à jour à 13:23

Temps de lecture : 4 min

La crainte d’une guerre à grande échelle au Proche-Orient va dominer l’Assemblée générale de l’ONU qui s’ouvre mardi à New York, au moment où l’escalade militaire ne cesse de s’aggraver entre l’armée israélienne et le Hezbollah libanais, soutenu par l’Iran et allié du Hamas palestinien.

Mardi, l’armée israélienne a annoncé avoir frappé «des dizaines de cibles du Hezbollah dans de nombreuses régions du sud du Liban», et visé des infrastructures et des armements du mouvement islamiste.

Le Hezbollah a revendiqué de nouveaux tirs de missiles Fadi 2 vers Israël et annoncé avoir visé des sites militaires proches d’Haïfa, la grande ville du nord du pays, dont une «usine d’explosifs» à environ 60 kilomètres de la frontière libanaise, ainsi que la ville de Kiryat Shmona.

Les bombardements de lundi, d’une intensité sans précédent depuis le début des échanges de tirs à la frontière israélo-libanaise en octobre 2023, ont visé environ 1600 cibles, selon l’armée, dans le sud du Liban et la vallée de la Békaa, des bastions du Hezbollah.

Ces frappes ont fait au moins 558 morts, dont 50 enfants, selon le Ministère libanais de la Santé.

L’armée israélienne a fait état d’un «grand nombre» de membres du Hezbollah tués.

De très nombreux Libanais ont fui depuis lundi les zones bombardées, pour chercher refuge à Saïda, la plus grande ville du sud, ou à Beyrouth. Mardi, de longues files de voitures étaient bloquées sur la route menant vers la capitale. Les autorités libanaises parlent d’au moins 16’500 déplacés.

«Jour de terreur»

«C’était un jour de terreur», a raconté à l’AFP Thuraya Harb, une Libanaise de 41 ans réfugiée près de Beyrouth après un voyage de huit heures depuis Toul, son village du sud. «Je ne voulais pas partir, mais les enfants avaient peur et nous sommes partis, sans rien d’autre que les habits que nous portons», a ajouté cette femme vêtue d’une longue robe noire, les cheveux recouverts d’un voile.

Le Premier ministre libanais, Najib Mikati, avait dénoncé lundi «un plan de destruction» de son pays.

En une journée, l’armée israélienne a «neutralisé des dizaines de milliers de roquettes et de munitions», a affirmé le ministre de la Défense, Yoav Gallant, estimant que le Hezbollah vivait sa «semaine la plus difficile depuis sa création» en 1982.

L’armée israélienne a aussi annoncé une «frappe ciblée» à Beyrouth, qui a visé sans succès, selon le Hezbollah, son commandant pour le front sud, Ali Karaké.

Dans la ville portuaire d’Haïfa, survolée par les avions de combat, les écoles, les universités et les magasins sont restés fermés mardi et la circulation était moins dense qu’à l’habitude, selon une journaliste de l’AFP.

Israël avait annoncé ces derniers jours que le centre de gravité de la guerre se déplaçait vers le nord du pays, où le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’est dit déterminé à permettre le retour de dizaines de milliers d’habitants déplacés.

Le Hezbollah a promis de son côté de continuer à attaquer Israël «jusqu’à la fin de l’agression à Gaza», où la guerre a été déclenchée le 7 octobre 2023 après l’attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien. Depuis, les échanges de tirs n’ont jamais cessé le long de la frontière nord d’Israël avec le Liban.

«Travailler à une désescalade»

«Nous sommes au bord d’une guerre totale», s’est alarmé le chef de la diplomatie de l'Union européenne, Josep Borrell, tandis que la France a demandé la convocation d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU sur le Liban cette semaine.

Le nouveau président iranien, Massoud Pezeshkian, a affirmé mardi sur CNN que le Hezbollah ne pouvait «pas rester seul» face à Israël. Il a ajouté que la communauté internationale «ne devait pas permettre que le Liban devienne un nouveau Gaza aux mains d’Israël».

Le président américain Joe Biden, qui prononcera mardi son dernier discours à l’Assemblée générale de l’ONU, a réaffirmé «travailler à une désescalade».

Les Etats-Unis sont opposés à une invasion terrestre du Liban et vont présenter des «idées concrètes» à leurs partenaires cette semaine à l’ONU pour apaiser ce conflit, a confié un haut responsable américain.

De nombreux pays, dont le Qatar et l’Egypte ont fait part de leur inquiétude. Le Kremlin a dit craindre une «déstabilisation complète» de la région.

Le G7 a pointé le risque d’un «conflit régional aux conséquences inimaginables» tandis que la Chine a dénoncé des «attaque aveugles» contre des civils.

L’Irak a dit vouloir une «réunion urgente» des pays arabes en marge de l’Assemblée générale pour «stopper» Israël.