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Un nom, deux communes (3/6). Lully et son vignoble de l’Etat

Série d'été - Un nom, deux commune (3/6) • Outre avec une localité vaudoise, près de Morges, la commune broyarde partage son nom avec un village viticole et maraîcher de la commune de Bernex (GE).


Photos Alain Wicht Texte Francis Granget

Photos Alain Wicht Texte Francis Granget

29 juillet 2014 à 20:30

  • Coupé en deux par la route menant de Soral à Confignon, Lully présente un paysage agricole mêlant vignes, serres maraîchères et vergers. Terre d’accueil des six hectares du vignoble de la République et canton de Genève depuis 1971 et de sa cave depuis 2009, ce «hameau» de Bernex avait été victime de crues en novembre 2012. La renaturation de l’Aire et la création d’une digue ont réglé le problème.

Découvrez d'autres communes fribourgeoises partageant leur nom avec des localités d'autres cantons dans notre dossier consacré aux séries d'été de «La Liberté»

Lettres noires sur fond blanc, le panneau de signalisation du Lully genevois se dessine sur un fond de champs de tournesols et de vignes quand on arrive de Soral, la terre du conseiller national John Dupraz. Une fois n’est pas coutume, l’homonyme de notre série d’été n’est pas une commune, mais l’une des six localités rattachées administrativement à Bernex (avec Challoux, Chèvres, Cressy, Loëx et Sézenove). Un «hameau» à la genevoise: «Lully compte ainsi 1700 habitants alors que la commune en recense au total près de 9600», indique la mairie.

C’est une Genève étonnante, campagnarde, dont on peine parfois à imaginer l’existence lorsqu’on traverse le canton en restant sur l’autoroute, que l’on découvre alors, en ce dernier lundi de juillet, entre deux averses. «Genève, proportionnellement, est l’un des premiers cantons agricoles de Suisse: près de la moitié du territoire est utilisée à ces fins. Quelque 450 exploitations, souvent familiales, y produisent des denrées de grande qualité», explique un panneau d’informations devant la Maison du terroir.

Des crues et des crus

C’est à Lully que cette bâtisse, dominée au loin par le Salève, a été inaugurée il y a un peu moins de cinq ans. «Nous partageons les mêmes locaux que la cave du domaine viticole de la République et canton de Genève. Notre rôle est de promouvoir les produits agricoles, notamment grâce au label Genève Région - Terre Avenir (GRTA) qui fête ses dix ans, et d’organiser divers cours», explique Denis Beausoleil, directeur de l’Office de promotion des produits agricoles de Genève (Opage). Et d’ajouter que «des invités prestigieux ont visité les lieux, dont Mikhaïl Gorbatchev et Pascal Couchepin».

Lully, pour résumer, c’est en quel- que sorte les eaux et le vin. Les eaux d’abord, parce que le bas du village a été victime en novembre 2002 d’importantes inondations. Au village, on s’en rappelle comme si c’était hier. «Heureusement, tout est rentré dans l’ordre avec la renaturation de l’Aire, en amont du pont de Lully, l’élargissement du lit de la rivière et la création d’ouvrages de sécurisation dans la plaine du Loup», commente Philippe Magnin, président de l’association Cynara qui défend les intérêts des sept producteurs du cardon épineux genevois AOP (entre 150 et 200 tonnes produites par année). Comme d’autres propriétaires terriens, il a été associé à ce chantier qui a nécessité l’emprise d’une vingtaine d’hectares.

Le vin ensuite, parce qu’on trouve à Lully une demi-douzaine de vignerons, sans compter le vignoble de l’Etat, créé en 1971. «Sur six hectares, nous produisons 28 cépages, dont certains pour des essais», détaille Thierry Anet, vigneron de l’Etat depuis six ans, sur un coteau dominé par le signal de Bernex, culminant à 503 mètres. Ce coin de vignoble, appelé la Champagne genevoise, a été très sévèrement frappé par la grêle l’été passé. Parfois même détruit.

L’Aligoté depuis 1917

Dans la montée du village à gauche, en direction de Confignon, le chemin de l’Aligoté rappelle en outre que c’est un vigneron de Lully, Jules Dupraz, qui a introduit en Suisse en 1917 ce cépage blanc bourguignon - «aux arômes de pommes et de citron» - qui a fait la réputation de son Domaine des Curiades. A Genève, troisième canton viticole de Suisse après le Valais et Vaud, l’Aligoté couvre désormais 21 des 1400 hectares de vignes. Ses vergers et ses serres en témoignent, Lully n’est pas qu’un village viticole. Il est aussi maraîcher. Et pas seulement: «Viande, produits laitiers, concombres, cardons, tomates, pommes, fraises: on peut presque préparer un repas complet avec des produits d’ici», souligne Didier Beausoleil.

Chef de l’auberge des Curiades dans le Vieux-Lully, Pascal Cloetens, par exemple, confiait récemment à la presse genevoise qu’il ne manque jamais de mettre en avant les produits du terroir. Cet été, deux tomates de la famille Jaquenoud, produites à une encablure de son restaurant, tiennent la vedette: la Pink, un fruit aux nuances rosées, et la Piccolo, une tomate cerise.

Le restoroute avec un MacDo

Ces produits, il est possible désormais de les acquérir sept jours sur sept, 24 heures sur 24, grâce à un automate inédit à Genève et très logiquement baptisé «AuxTomates» par Alban Jaquenoud, représentant de la quatrième génération au sein de l’entreprise installée sur la route Perly-Lully.

Et les autres Lully romands? Du côté de Genève, on ne semble pas vraiment les connaître même si le vaudois, près de Morges, est aussi viticole. «En tout cas, les gens ne les confondent jamais», estime Thierry Anet. Et pour le Lully fribourgeois? «Ah mais oui, c’est là où il y a ce restoroute avec un MacDo», lâche une collaboratrice de l&bs’Opage, après réflexion.

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