Logo

Histoire vivante

L’héritage méconnu des Olmèques

Aux sources de la Méso-Amérique, la civilisation olmèque a légué des trésors d’art et de technique


 Pascal Fleury

Pascal Fleury

7 janvier 2022 à 02:01

Archéologie » Tête casquée, lèvres épaisses, nez de boxeur et léger strabisme: les Olmèques, pour le commun des mortels, se résument à ces sculptures colossales de plusieurs tonnes, dont 17 exemplaires ont été retrouvés à ce jour sur la côte du golfe du Mexique. Leur civilisation ne se limite pourtant pas à ces impressionnants monolithes basaltiques. Aussi complexe que créative, elle a rayonné par ses arts, ses sciences et sa cosmogonie sur toute la Méso-Amérique durant mille ans avant notre ère, influençant ensuite durablement les autres cultures de la région, jusqu’aux Aztèques décimés par les conquistadors au XVIe siècle.

«Type éthiopien»

Comme souvent dans l’histoire de l’archéologie, la première tête colossale d’Olmèque a été repérée par hasard, au XIXe s., par un ouvrier agricole qui défrichait la jungle au lieu-dit Hueyapan, dans l’actuel village de Tres Zapotes (Etat de Veracruz). Alerté, l’archéologue amateur, antiquaire et journaliste mexicain José Maria Melgar y Serrano se rend sur place en 1862. Intrigué par cette «magnifique sculpture», il l’attribue d’abord à l’empereur aztèque Moctezuma, avant d’émettre une autre hypothèse dans le Bulletin de la Société mexicaine de géographie: «Ce qui m’a le plus étonné, c’est le type éthiopien qu’elle représente. J’ai pensé qu’il y avait eu sans doute des Noirs dans ce pays, et cela aux premiers âges du monde.» La théorie est démontée à la fin du XIXe siècle, alors que se multiplient les découvertes de sculptures humaines ou d’hommes-jaguars (lire ci-dessous).

En 1925, une autre tête colossale est trouvée par l’anthropologue américain Olivier La Farge et le Danois Frans Blom à La Venta (Etat de Tabasco), une cité à l’architecture grandiose incluant la première pyramide méso-américaine. Les archéologues font aussitôt le lien avec la sculpture «éthiopienne» décrite par Melgar. L’Allemand Hermann Beyer évoque alors un style «olmeca», ce mot signifiant les «gens du pays du caoutchouc» en nahuatl, une langue déjà parlée par les Aztèques au XVIe siècle. Comme l’explique l’archéologue Caterina Magni dans Les Olmèques, des origines au mythe¹, le pays du caoutchouc désignait la côte du golfe du Mexique.

Dans les années 1940, les campagnes de fouilles de l’Américain Matthew W. Stirling et de son épouse Marion Illig, puis d’autres archéologues, vont confirmer l’existence de cette ancienne civilisation. Dix têtes colossales sont mises au jour dans le centre cérémoniel de San Lorenzo, la première capitale olmèque, révélant d’impressionnantes compétences techniques et artistiques déjà 1200 ans avant J.-C.

Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus

Hiver 1954. La femme sans qui l’œuvre de l'abbé Pierre n’aurait jamais existé

Il y a 70 ans, le 1er février 1954, l’abbé Pierre lançait son vibrant appel radiodiffusé en faveur des sans-abri qui mouraient de froid en France. Son «insurrection de la bonté» n’aurait pas été possible sans le soutien extraordinaire d’une femme, Lucie Coutaz. Cofondatrice et directrice administrative du mouvement Emmaüs, elle a été son alter ego durant 40 ans. Portrait.