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Election. Les Sri Lankais ont voté pour élire leur président

Les Sri Lankais ont voté samedi pour leur élire leur président. Ce scrutin intervient deux ans après une crise financière catastrophique qui a imposé au pays une cure brutale d’austérité largement impopulaire.

Des femmes quittent le bureau de vote après avoir glissé leur bulletin dans l’urne à Colombo.KEYSTONE/AP/Eranga Jayawardena

ATS
AFP

ATS et AFP

21 septembre 2024 à 16:13, mis à jour le 22 septembre 2024 à 16:03

Temps de lecture : 3 min

Le dépouillement a débuté sitôt la fermeture des bureaux de vote. Ce scrutin, qui s’est déroulé sans incident, s’annonce comme «le plus pacifique» de l’histoire du Sri Lanka, s’est réjoui le président de la commission électorale R. M. A. L. Ratnayake.

Toutefois, la présidence a décrété en soirée un couvre-feu jusqu’à 6h00 locales dimanche matin (03h30 en Suisse) «à titre de mesure additionnelle pour protéger la population», a annoncé la police. Les premiers résultats sont attendus plus tard dans la journée de dimanche.

Au coude-à-coude

A la tête du pays depuis 2022, le sortant Ranil Wickremesinghe, 75 ans, brigue un nouveau mandat avec pour seul programme la poursuite du redressement à marche forcée de l’île. «J’ai sorti ce pays de la banqueroute (…). Maintenant, je vais faire du Sri Lanka un pays avec une économie, un système social et un système politique développés», a-t-il promis samedi après avoir voté.

Mais la lutte s’annonce particulièrement serrée avec ses deux principaux adversaires, son ex-allié de centre droit Sajith Premadasa, 57 ans, et le chef de la coalition de gauche Anura Kumara Dissanayaka, 55 ans.

«Nous n’avons jamais connu de bataille à trois comme celle-là», a relevé auprès de l’AFP l’analyste politique Kusal Perera. «C’est la première élection présidentielle dont personne ne peut sérieusement prédire le résultat».

Si aucun candidat ne dépasse la barre des 50%, la commission électorale devra procéder à un nouveau comptage pour recenser les deuxièmes ou troisièmes préférences des votants et départager les prétendants.

«Du changement»

Samedi, de nombreux électeurs de Colombo ont exprimé leur lassitude, épuisés par deux ans d’efforts et de restrictions. «Il faut du changement dans ce pays», a résumé pour l’AFP Mohamed Siraj Razik, 43 ans, «la gabegie des fonds publics au profit de la classe politique doit cesser».

M. Wickremesinghe, vieux «renard» de la politique locale qui a été six fois Premier ministre, a accédé à la présidence en juillet 2022 à la chute de Gotabaya Rajapaksa. Ce dernier a été chassé de son palais par une foule en colère épuisée par l’inflation et les pénuries.

Il a hérité d’une économie étranglée par une dette de 46 milliards de dollars (42 milliards d'euros), pour l’essentiel contractée auprès de la Chine, et en pleine récession.

Après de longues tractations, le Fonds monétaire international (FMI) a fini par débloquer en 2023 une aide d’urgence de 2,9 milliards de dollars (2,6 milliards d'euros), en échange de fortes hausses d’impôts et de coupes drastiques des dépenses publiques.

L’ordre est depuis revenu dans la rue et la croissance du Sri Lanka est repartie à la hausse, même si elle reste fragile, a averti le FMI. Mais le pays s’est enfoncé dans la pauvreté, qui touche désormais plus d’un quart de ses 22 millions d’habitants, selon la Banque mondiale.

Renégocier

A la tête du Front de libération du peuple (JVP) d’inspiration marxiste, Anura Kumara Dissanayaka, 55 ans, a promis de renégocier les termes de l’accord avec le FMI. «Après la victoire, j’exhorte tout le monde à rester calme», a-t-il déclaré samedi en votant, confiant.

A l’origine de deux insurrections meurtrières au début des 1970 et à la fin des 1980, le JVP a renoncé à la lutte armée et s’est largement converti à l’économie de marché.

Le numéro 1 de l’opposition, Sajith Premadasa, 57 ans, devrait lui aussi rallier une partie importante des suffrages des mécontents. Ancien proche de Ranil Wickremesinghe, il s’est lui aussi engagé à arracher des concessions au FMI.

L’institution internationale ne semble toutefois pas disposée à adoucir ses exigences. «Des progrès ont été accomplis, mais le pays est encore loin d’être sorti de l’ornière», a averti la semaine dernière la cheffe de la communication du FMI, Julie Kozack.