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Histoire vivante

Les pionniers de la lutte climatique

Depuis 50 ans, chercheurs et écologistes tirent la sonnette d’alarme. Les jeunes reprennent le flambeau


 Pascal Fleury

Pascal Fleury

15 mars 2019 à 02:01

Environnement » Depuis deux siècles, «au nom du progrès», l’homme exploite la planète, épuisant ses ressources et modifiant son climat. Depuis cinquante ans, des scientifiques et écologistes tirent la sonnette d’alarme. En vain. Aujourd’hui, ce sont les jeunes qui descendent dans la rue pour tenter de sauver la Terre.

Craignant pour leur avenir, ils font la grève du climat en scandant «Les petits pas, ça suffit pas!» Brandissant pancartes et banderoles, ils appellent les autorités à sortir de leur «léthargie» et réclament avec détermination la «révolution verte».

Très long combat

Mais que d’occasions manquées pour en arriver à pareille faillite! Combien de discours, d’études scientifiques, de pamphlets, d’actions de terrain, de manifestations, d’initiatives citoyennes, ont été menés sans réel résultat! Il y a un demi-siècle déjà, alors que soufflait le vent de contestation de Mai 68 contre un système soumis à la technologie et à l’industrialisation à tout-va, le Club de Rome, réunissant universitaires, économistes et industriels, se fait connaître mondialement par la publication du rapport Les limites à la croissance. Concocté par le Massachusetts Institute of Technology (MIT), ce document prédit la fin inéluctable, tôt ou tard mais avant la fin du XXIe siècle, de la croissance économique en raison de l’épuisement des ressources naturelles et de la pollution.

En 1972, lors de la Conférence des Nations Unies sur l’environnement à Stockholm, l’agronome et écologue René Dubos lance son célèbre slogan: «Penser global, agir local». Présent à ce premier Sommet de la Terre, ainsi surnommé par les médias, le professeur de géographie Alain Bué, de l’Université de Paris VII, raconte: «A l’époque, tout semblait permis. Nous étions encore dans les Trente Glorieuses avant le premier choc pétrolier de 1973. L’opinion commençait à se préoccuper de façon assez sérieuse des problèmes d’environnement. (...) Il y avait une convergence des aspirations.»

Pollutions planétaires

Durant les années 1980, la prise de conscience collective se renforce. Des dérèglements globaux et pollutions planétaires sont dénoncés: trou d’ozone, pluies acides, désertification, déforestation, effet de serre... La notion de développement durable apparaît officiellement en 1987 dans le rapport Notre avenir à tous de la première ministre norvégienne Gro Harlem Brundtland.

Sur la lancée, l’Organisation météorologique mondiale et le Programme des Nations Unies pour l’environnement fondent en 1988 le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. En trente ans, le GIEC va publier cinq rapports d’évaluation et de nombreux rapports spéciaux, démontant toutes les critiques des climato-sceptiques. Le Sommet de la Terre de Rio, en 1992, débouche sur plusieurs conventions. Et cinq ans plus tard, à Kyoto, 159 pays s’entendent sur une réduction de 5,2% des gaz à effet de serre d’ici à 2012. Pour y parvenir, un marché international de quotas carbone est instauré. Mais plusieurs gros pollueurs, comme les Etats-Unis, la Russie ou le Canada, traînent les pieds. «Le mode de vie américain n’est pas négociable», se défend le président George Bush.

Résultat, la Terre suffoque de plus belle. Le GIEC s’alarme. A l’ouverture du Sommet de Copenhague, en 2009, 56 journaux prestigieux sonnent le tocsin dans un éditorial commun: «A moins d’unir nos efforts, le changement climatique va ravager notre planète.» Un accord est finalement passé à Paris en 2015. Les objectifs à atteindre viennent d’être précisés par le GIEC en octobre dernier.

Aujourd’hui, les jeunes pour le climat ont remplacé les pionniers. Mais tout semble encore à faire pour sauver la planète. Il y a urgence. Avec les graves pénuries d’eau et de nourriture que pourrait provoquer le changement climatique, certains analystes craignent une multiplication des conflits, des révolutions, voire une «guerre mondiale de l’effondrement».

Andreas Malm, L’anthropocène contre l’histoire – Le réchauffement climatique à l’ère du capital, Ed. La Fabrique, 2017.

Olivier Nouaillas, Le changement climatique pour les nuls, Ed. First, 2014.

Jean-Michel Valantin, Géopolitique d’une planète déréglée, Ed. Seuil, 2017.

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