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Histoire vivante

Les leçons de la grippe espagnole

En Suisse, la pandémie de 1918-1919 a été vaincue grâce à des mesures rapides et massives

Infirmières prenant soin de militaires dans un hôpital provisoire. En 1918, les soldats suisses étaient très exposés à la grippe espagnole.

Pascal Fleury

Pascal Fleury

23 avril 2020 à 14:45

Pandémie » Virulence, contagiosité, mesures sanitaires, impacts économiques et sociaux… La grippe espagnole, au sortir de la Grande Guerre, et l’actuel coronavirus présentent d’intéressantes similitudes. D’une pandémie à l’autre, en un siècle, les progrès scientifiques ont bien sûr fait un bond énorme. Mais en l’absence de vaccin et de médicaments efficaces contre le Covid-19, les «vieilles pratiques» restent largement d’actualité. Les expériences fribourgeoise et valaisanne de 1918-1919, qui ont fait l’objet d’études historiques détaillées¹, autorisent une analyse comparative éclairant la situation présente, ne serait-ce que pour la relativiser.

1 » Origine du virus et contexte historique

Si le berceau de l’épidémie de coronavirus a pu rapidement être situé à Wuhan, en Chine, l’origine de la grippe espagnole reste incertaine. Son nom s’explique par la grande médiatisation de la maladie en Espagne, pays neutre durant la Grande Guerre. Les chercheurs s’accordent pour localiser le premier foyer épidémique dans un camp de transit du Kansas, en mars 1918, alors que l’armée américaine s’apprête à envoyer ses soldats en renfort des Alliés. Les symptômes sont inhabituels, avec des fièvres à plus de 40 °C, des visages cyanosés et des complications respiratoires mortelles. Dès avril, la grippe touche des bases françaises et britanniques ainsi que la population, déjà très affaiblie par le conflit. Mais le fléau est qualifié de bénin et peu ébruité, pour ne pas ameuter l’ennemi.

«En l’absence d’une information globalisée et rapide, la grippe espagnole surprend tout le monde»

Alain Bosson

En Suisse, les premiers cas d’influenza apparaissent discrètement en mai parmi les soldats, aux frontières jurassiennes. Les internés allemands et français sont considérés comme vecteurs de la grippe. L’épidémie éclate réellement en juillet. «En l’absence d’une information globalisée et rapide, elle surprend tout le monde. L’OMS n’existe pas encore, ni aucun organisme supranational de surveillance», explique l’historien de la médecine Alain Bosson. A Fribourg, la première mention d’une «grippe espagnole» apparaît le 3 juillet dans un entrefilet de La Liberté.

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