Expérimentation animale. Le Conseil fédéral ne veut pas interdire l’expérimentation animale
Les expériences sur des animaux ne doivent pas être interdites en Suisse. Le Conseil fédéral a rejeté mercredi une nouvelle initiative populaire sur ce sujet, sans prévoir de contre-projet.
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ATS
19 février 2025 à 10:45, mis à jour à 11:15
Le texte exige que les expériences sur les animaux ainsi que l’élevage et le commerce d’animaux destinés à de telles expériences soient interdits. Il provient d’une association alémanique, «Initiative pour l’interdiction de l’expérimentation animale CH», qui avait déposé plus de 127’000 signatures en novembre dernier.
Le comité estime que les expériences faites sur les animaux représentent une méthode de recherche insuffisante, non seulement sur le plan éthique mais aussi sur le plan scientifique. Ce sont 95% des médicaments déclarés appropriés lors de l’expérimentation animale qui ne fonctionnent pas chez l’être humain, selon lui.
Graves conséquences
Une telle interdiction aurait de graves conséquences, notamment en termes de santé, car l’expérimentation animale reste aujourd’hui la seule option dans de nombreux domaines de la recherche, estime le Conseil fédéral dans un communiqué. Cela rendrait par exemple impossible la réalisation de projets de recherche importants, comme le développement de nouveaux médicaments et de traitements contre le cancer ou les maladies neurologiques, cardiovasculaires et autres.
De plus, cela affaiblirait considérablement la Suisse en tant que pôle économique, scientifique et de formation. Cela freinerait des innovations médicales majeures, compromettant à long terme à la compétitivité de la Suisse.
Réglementation stricte
Le Conseil fédéral reconnaît qu’il est important de protéger les animaux utilisés dans le cadre de la recherche. Mais il préfère miser sur une réglementation stricte ainsi que sur la recherche d’alternatives, notamment par le biais du Centre de compétence suisse 3R. Ce principe vise à remplacer (replace) l’expérimentation animale en vue de réduire la souffrance animale (refine) et le nombre d’animaux utilisés (reduce).
Selon des chiffres récents de l'Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires, la science a utilisé en 2023 près de 600’000 animaux pour des expériences, soit une augmentation de 1,6% par rapport à l’année précédente. Dans 60% des cas, les animaux de laboratoire ont subi des contraintes, dont 28% dans des expériences du degré de gravité 1 et 2, et 5% pour le degré de gravité 3, le niveau le plus élevé.
Depuis 1985, le peuple suisse a déjà rejeté quatre initiatives populaires visant à interdire à divers degrés l’expérimentation animale, la dernière en 2022 à près de 80%.