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Histoire vivante

L’Irlande, le nœud gordien du Brexit

La paix irlandaise est plus que jamais sous la menace d’un éventuel retour d’une frontière «dure»


 Pascal Fleury

Pascal Fleury

21 mars 2019 à 17:54

Royaume-Uni » Chaque jour, 30’000 pendulaires et voyageurs traversent la frontière entre la République d’Irlande et l’Irlande du Nord, en toute liberté, sans contrôles douaniers ni présence militaire. Autrefois hérissée de miradors et de barrières de béton, la seule ligne de démarcation terrestre entre le Royaume-Uni et l’Union européenne (UE), longue de 340 km, est devenue quasiment invisible depuis l’«Accord du Vendredi-Saint» de 1998.

Signé entre le premier ministre britannique Tony Blair et son homologue irlandais Bertie Ahern, cet accord de paix avait mis fin à trois décennies de guerre civile entre unionistes protestants et nationalistes catholiques, faisant 3500 morts et 40’000 blessés. Il assurait le désarmement des groupes paramilitaires, l’abolition de toute revendication territoriale par l’Irlande et le droit de détenir les deux citoyennetés, irlandaise et britannique, pour tout habitant.

Or ce fragile équilibre politique est aujourd’hui menacé par le Brexit. Au point que la question de l’Irlande du Nord est devenue l’une des principales pierres d’achoppement pour un «retrait ordonné» britannique de l’UE.

C’est que les clivages demeurent très forts en Irlande du Nord. Lors du référendum du 23  juin 2016, les citoyens ont voté à 55,9% contre le Brexit. Onze circonscriptions sur dix-huit, à majorité nationaliste catholique (parti Sinn Féin), ont opté pour le remain, ce maintien dans l’UE apparaît davantage comme un choix pragmatique qu’idéologique. Les autres circonscriptions, dominées par les eurosceptiques du DUP (Democratic Unionist Party), ont défendu le leave. «Historiquement, l’unionisme est très réservé vis-à-vis d’une Europe qu’il a toujours soupçonnée d’être un cheval de Troie travaillant en sous-main à une réunification de l’île en douceur», observe Wesley Hutchinson, professeur à Paris III Sorbonne.

Les jeunes nord-irlandais se sont montrés les plus europhiles, avec 71% des 18 à 24 ans désireux de rester dans l’UE, alors que 64% des plus de 65 ans ont voté pour le Brexit. Cette tendance pourrait s’accentuer, le bastion protestant étant en recul. Selon la courbe des natalités, les catholiques deviendront majoritaires en 2021.

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