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Économie

Le patron de Migros explique la transformation radicale du groupe

Les coopératives Migros rendront le chemin décisionnel plus court


 Maude Bonvin

Maude Bonvin

29 mars 2023 à 04:01

Distribution » Après 5 ans à la tête de Migros, Fabrice Zumbrunnen tire le bilan de son action. Son futur se dessine dans les conseils d’administration et les start-up. Il envisage un virage à 180 degrés dans d’autres secteurs d’activité. Interview.

Qu’est-ce que vous allez faire dès le mois de mai?

Fabrice Zumbrunnen: Je me consacrerai à de nouvelles tâches d’ordre stratégique. Je veux non seulement prendre part à des conseils d’administration, mais aussi accompagner de nouvelles entreprises dans leur développement, des grandes sociétés comme des firmes en devenir. Je désire également développer mes compétences dans de nouveaux domaines.

Votre démission, n’est-ce pas un aveu d’échec de votre volonté d’arriver à davantage de centralisation, avec 10 coopératives régionales?

En l’espace de 5 ans, nous sommes parvenus à réaliser beaucoup plus de choses qu’imaginé. Il est vrai que le Covid a accéléré la transformation radicale du groupe. Si Migros n’a pas pour volonté de tout centraliser, il existe dans les coopératives une réelle ambition de rendre le chemin décisionnel plus court face à un monde qui change rapidement.

Le groupe connaît en effet deux réalités. D’un côté, une gouvernance classique pour des domaines tels que la banque, l’industrie, le voyage et nos entreprises commerciales. La deuxième repose sur un fonctionnement plus complexe et participatif, avec dix coopératives régionales et une Fédération des coopératives Migros. C’est un bout de Suisse, où chacun a une voix et où les conditions-cadres sont définies par 22 instances. Il s’agit d’un travail complexe et de longue haleine. Il me semble extrêmement important que mon successeur puisse accompagner ce changement vers davantage de simplification jusqu’à sa réalisation, changement qui prendra sûrement plusieurs années. Concernant ma situation personnelle, les circonstances font que c’est précisément le bon moment pour partir.

5%

de hausse moyenne des prix à Migros

Ne vous êtes-vous pas senti minorisé en tant que Romand?

Cela fait 18 ans que j’occupe des fonctions dirigeantes auprès de Migros et je ne me suis jamais senti minorisé.

L’an passé, l’inflation a impacté les résultats du groupe. Allez-vous encore augmenter les prix?

Non. Nous pensons que le renchérissement de nos biens a atteint un pic en février. Nous sommes désormais en mesure de baisser le prix de certains produits en fonction de l’évolution de la situation. A l’heure actuelle, la hausse moyenne de nos prix atteint 5% et nous prévoyons un renchérissement de 2 à 3% d’ici à la fin de l’année.

Sur le plan du personnel, êtes-vous concurrencé par Aldi et Lidl qui proposent un meilleur salaire minimum?

Non. La plupart des collaborateurs de Migros y font une très longue carrière, grâce aux bonnes conditions de travail. Chez nous, il est possible d’augmenter rapidement son salaire. La rémunération minimale correspond aux profils sans expérience et sans formation. Il y a une très grande différence entre le salaire de base et le salaire moyen dans notre société. Migros reste donc très attractive, même si le marché du travail s’avère difficile, notamment avec la pénurie de spécialistes.

Vous avez pourtant été critiqué par les syndicats sur l’absence de compensation complète du renchérissement?

Notre politique salariale s’avère supérieure à celle de la branche dans un contexte économique difficile. En outre, l’évolution salariale des dix dernières années offre davantage que l’inflation. Et cette année, les revendications des syndicats ont été très élevées dans toutes les branches.

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