La Banque nationale suisse évalue sa perte à 3 milliards de francs en 2023. Il aurait fallu 50 milliards pour que les cantons et la Confédération reçoivent à nouveau de l’argent de l’institut d’émission. Prudent, le Conseil d'Etat fribourgeois n’avait pas budgétisé de recettes en lien avec la BNS
Partager
9 janvier 2024 à 23:05
Politique monétaire » La Banque nationale suisse (BNS) table sur une perte de 3 milliards de francs en 2023. «Les mouvements de change expliquent en grande partie ce résultat négatif», commente le professeur à l’Université de Lausanne et à l’Institut de management (IMD), Stéphane Garelli. Les positions en francs ont enregistré une perte de 8,5 milliards.
Stéphane Garelli estime que l’institut d’émission sera de moins en moins actif sur les marchés monétaires. A ce sujet, le gardien de la monnaie atteint lentement ses limites. Son président, Thomas Jordan, a déclaré, lors de la dernière réunion de décembre, que les interventions de la Banque centrale «ne portaient plus prioritairement sur la vente de devises».
Aux yeux du professeur, l’industrie exportatrice peut vivre avec un franc fort, à condition d’éviter tout mouvement brusque. A l’heure actuelle, un euro s’échange contre 0,93 franc. Mercredi passé, la monnaie européenne s’est repliée jusqu’à 0,9270 franc, son plus bas niveau historique.
La monnaie helvétique redevient une valeur refuge, avec l’instabilité internationale. En outre, le différentiel d’inflation entre la Suisse et l’Union européenne (UE) engendre un renforcement du franc.
L’an passé, le gain réalisé par la BNS sur les positions en monnaies étrangères s’est élevé à environ 4 milliards de francs. Le stock d’or a généré une plus-value de 1,7 milliard.
La Banque centrale compte encore consacrer 10,5 milliards de francs à sa provision pour perte de change. Quant à sa réserve pour distributions futures, son solde est négatif à hauteur de 39,5 milliards. La perte portée au bilan s’établit à environ 53 milliards. Conséquence: aucun bénéfice n’est distribué cette année aux cantons et à la Confédération.
La BNS affecte d’abord une partie de son bénéfice à sa provision pour perte de change. Le reste est versé dans la réserve pour distributions futures. Si cette dernière est dans le vert, l’institution octroie une aide financière aux collectivités publiques.
Stéphane Garelli s’interroge sur cette politique peu transparente en matière de provisions et de distribution. Il qualifie l’institut d’émission de forteresse dont on ne sait rien de l’intérieur et gardée jalousement par le Parlement fédéral. Cette stratégie floue n’est pas saine pour les collectivités publiques, selon lui. Et d’appeler à rafraîchir la loi en la matière. Fin décembre 2023, les fonds propres de la BNS s’élevaient à environ 63 milliards de francs, pour un total du bilan de près de 800 milliards.
Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus
La deuxième banque italienne UniCredit a annoncé lundi être montée à près de 21% du capital de l'allemande Commerzbank, après avoir acquis une part supplémentaire de 11,5% par le biais d'instruments financiers.
