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Économie

Défense. Dassault Aviation se prépare à "l'Europe de la défense"

Dassault Aviation, poussé par le succès commercial de son avion de combat Rafale en 2024, a rappelé mercredi son intention de prendre "sa place dans (l')Europe de la défense" que l'UE souhaite renforcer, tout en exprimant ses craintes pour l'industrie du continent.

L'UE a dévoilé un plan pour "réarmer l'Europe" destiné à mobiliser près de 800 milliards d'euros pour sa défense, mais aussi à fournir une aide "immédiate" à l'Ukraine après le gel de l'aide américaine par Donald Trump. (archives)KEYSTONE/EPA/STRINGER

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ATS, AWP et AFP

5 mars 2025 à 15:39, mis à jour à 15:49

Temps de lecture : 3 min

"Dassault Aviation aura sa place dans cette Europe de la défense, mais pour l'instant j'observe: je ne suis ni optimiste ni pessimiste", a déclaré le PDG de l'avionneur Eric Trappier mercredi devant la presse en présentant les résultats annuels du groupe.

"Est-ce que des pays qui achetaient systématiquement américain hier" pour leur défense "vont se mettre à acheter européen? J'attends de voir", a-t-il exprimé.

La Commission européenne a dévoilé mardi un plan pour "réarmer l'Europe" destiné à mobiliser près de 800 milliards d'euros pour sa défense, mais aussi à fournir une aide "immédiate" à l'Ukraine après le gel de l'aide américaine par Donald Trump.

Mais l'industrie de défense en Europe reste dépendante des Etats-Unis pour certaines capacités clés qu'ils mettraient des années à développer eux-mêmes, comme des moyens en matière de frappes de précision, de renseignement ou des systèmes de commandement et de contrôle qui coordonnent les moyens militaires.

"Tant mieux s'il y a un réveil, mais l'Europe ne soutient pas assez son industrie", a réagi M. Trappier, qui a plaidé pour que "l'argent européen" aille à "100% à l'industrie européenne."

Pour lui, "si le modèle de l'Europe demain, c'est de faire ce que la France a fait depuis plus de 50 ans", renforcer son industrie de défense, "c'est une bonne chose". Mais "si c'est pour nous noyer dans quelque chose où l'on est dépendant", comme en ouvrant "des fonds européens vers des programmes non européens", cela "paraît bizarre", a-t-il jugé mercredi, interrogé par Boursorama.

Bénéfices en forte hausse

Dassault Aviation, qui fabrique également les jets civils Falcon, a vu son chiffre d'affaires consolidé progresser de 4,8 milliards d'euros en 2023 à 6,2 milliards en 2024 (+30%) tandis que son bénéfice net a bondi de 33% à 923 millions d'euros, ce qui est supérieur aux attentes des analystes financiers interrogés par Bloomberg.

Vers 11H00 GMT, l'action de Dassault Aviation prenait 5,52% à la Bourse de Paris, à 290,40 euros.

Le carnet de commandes était au 31 décembre 2024 rempli à hauteur de 43,2 milliards d'euros, un niveau inédit selon l'entreprise.

Trente avions Rafale ont été commandés à l'étranger en 2024 (18 par l'Indonésie et 12 par la Serbie) ainsi que 26 jets Falcon, pour un total de près de 11 milliards d'euros, contre un peu plus de 8 milliards en 2023.

Au total, le carnet de commandes se compose de 164 Rafale pour l'étranger, 56 pour la France, et 79 jets Falcon.

Le groupe a toutefois rappelé mercredi les difficultés d'approvisionnement qui touchent tout le secteur et qui ont surtout retardé en 2024 la livraison des Falcon (31 jets livrés pour un objectif de 35).

Dassault Aviation est en pleine euphorie boursière. Son action a grimpé de plus de 18% depuis lundi, propulsée comme les autres industriels de la défense par la prévision d'augmentation de dépenses militaires en Europe devant la menace de désengagement des Etats-Unis dans le secteur.

Pour 2025, Dassault Aviation s'attend à voir son chiffre d'affaires encore progresser, à 6,5 milliards d'euros. Il espère livrer 40 Falcon et 25 Rafale.

Des prévisions qui pourraient toutefois être revues à la baisse, a prévenu le groupe, qui craint que les droits de douane sur les produits européens annoncés par Donald Trump ne viennent réduire les ventes de Dassault Aviation aux Etats-Unis, où le groupe vend entre un tiers et la moitié de ses Falcon, selon son PDG.